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Valoriser les urines humaines en agriculture?

La production agricole est fortement tributaire de l’utilisation de fertilisants de synthèse pour l’azote, ou d’origine minière pour le phosphore et la potasse. En France, le tout-à-l’égout s’est imposé comme la principale voie de traitement des eaux usées. Pourtant, les urines représentent 1% du volume des eaux usées pour 80% de l’azote et 50% du phosphore, nutriments essentiels à la croissance des plantes.

Les enjeux de la valorisation des urines sont multiples : moins de consommation d’eau, moins de consommation d’énergie en stations d’épuration, moins de rejets de polluants azotés dans les cours d’eau et moins de dépendance aux engrais azotés chimiques des cultures.

Plusieurs études ont cependant montré la présence de micropolluants organiques dans les urines, notamment des résidus de médicaments, la filtration rénale étant le mode d’élimination de la plupart des médicaments (50-70%). 

Le projet vise à déterminer les concentrations d'une cinquantaine de micropolluants organiques, essentiellement des résidus de médicaments, dans des urines traitées et stabilisées (type Aurin) et dans des urines collectées sur le territoire du Plateau de Saclay et ses alentours (type bureau) et traitées par passage sur un filtre à charbon actif. Des analyses non-ciblées permettront d'obtenir des empreintes des micropolluants organiques, y compris des métabolites et des produits de transformation, potentiellement présents dans les urines et de suivre leur devenir après traitement et apport au sol.

Les livrables du projet seront des rapports détaillant les résultats de ces analyses afin de poursuivre l’évaluation des impacts environnementaux associés au recyclage des urines en agriculture, en complément d'un travail initié dans le cadre du projet Agrocapi financé par l'ADEME. Le projet permettra de mieux documenter la présence de résidus de médicaments dans les urines humaines traitées ou non et l’impact sur les sols, et facilitera l’émergence d’autres projets de valorisation, notamment en maraîchage. 

Ce projet (2022-2025) implique:

- 2 laboratoires de C-BASC et la GS Biosphera: porteuse Marjolaine Deschamps (ECOSYS, INRAE), porteuse Christine Aubry (SADAPT, AgroParisTech), Nathalie Bernet et Ghislaine Delarue (techniciennes de recherche ECOSYS, INRAE), Sabine Houot et Florent Levavasseur (ECOSYS, INRAE)

- 2 laboratoires externes à l'université Paris-Saclay: LEESU et OSU Efluve

-4 partenaires non académiques: l'association Terre et Cité, la Chambre d'agriculture d'Ile-de-France, la ferme de la Martinière et une designer indépendante.

Il s'agit d'un projet du Living Lab, un espace de co-construction de projets de recherche avec les acteurs locaux.