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Comprendre la résistance aux fongicides chez le blé tendre

Zymoseptoria tritici est le champignon responsable de la septoriose du blé, la maladie ayant le plus fort impact économique sur blé tendre en Europe de l’Ouest1. Le contrôle de cette maladie repose en grande partie sur l’application de fongicides de synthèse dont l’utilisation a été fortement optimisée pour une réduction des intrants ces dernières années. L’efficacité des traitements est régulièrement menacée par l’émergence et la dispersion de souches résistantes à ces fongicides. Les résistances étaient jusque-là spécifiques d’un mode d’action (ciblant une même protéine) dues à des modifications de la protéine cible et, de ce fait, « gérables » par l’application de fongicides ayant un mode d’action (ou une cible) différent2. Or, depuis plus de 10 ans, nous observons l’augmentation en fréquence d’isolats présentant une résistance non-spécifique, non liée à la cible3. Elles affectent la plupart des modes d’action, réduisent leur efficacité et nuisent ainsi aux stratégies de réduction de doses.

Le projet vise à identifier et à caractériser les nouveaux mécanismes généralistes de résistance aux fongicides chez le champignon Z. tritici, afin d’accompagner la transition agroécologique vers une diminution d’utilisation des produits phytosanitaires (plan Ecophyto II). Aux doses actuelles l’on n’observe pas de perte d’efficacité des fongicides au champ, mais dans un contexte de diminution de l’utilisation des fongicides nous faisons face à un risque de diminution ou perte d’efficacité de molécules antifongiques de synthèse et/ou d’origine naturelle. Les mêmes mécanismes pourraient également nuire aux nouvelles méthodes de lutte impliquant des stimulateurs des défense des plantes.

Nous avons entrepris la collecte massive de souches présentant une résistance non spécifique, en 2020 et 2021. Par ailleurs, nous disposons au laboratoire de centaines de mutants résistants à différents fongicides issus d’expériences d’évolution expérimentale sur différents fongicides4. Leur caractérisation permettra d’identifier de nouveaux mécanismes qui seront ensuite recherchés dans les souches naturelles. Plusieurs mécanismes peuvent être suspectés. Nous avons choisi d’adopter une démarche par élimination en commençant par l’hypothèse la moins probable.

 

  • Porteuse du projet: Anaïs Laleve (labo BIOGER, graduate school Biosphera)
  • Equipe du projet : Sabine Fillinger, Elza Neau (labo BIOGER), Marjolaine Deschamps, Nathalie Cheviron et Christian Mougin (labo ECOSYS)
  • Début du projet: octobre 2023. Fin: septembre 2025.

Références:

1. Fones and Gurr 2015, Savary, Willocquet et al. 2019

2. Lucas, Hawkins et al. 2015

3. Garnault, Duplaix et al. 2019, Hu and Chen 2021

4. Ballu, Deredec et al. 2021, Ballu, Despreaux et al. 2023