
Handicap : un accompagnement personnalisé pour étudier dans les meilleurs conditions
Cet article est issu de L'Édition n°27.
Engagée en faveur de l’inclusion des personnes en situation de handicap, l’Université Paris-Saclay a mis en place un réseau de référents ainsi qu’un ensemble de ressources et d’actions pour permettre aux jeunes concernés de mener leurs études dans les meilleures conditions, quel que soit leur handicap.
« Mener des études supérieures est plus difficile avec un handicap. Si tu veux arriver au même endroit que les autres, il faut vraiment fournir plus d’efforts », témoigne Gaëlle Vitali-Derrien. Cette alumna de CentraleSupélec, aujourd’hui chercheuse post-doctorante, avait treize ans lorsqu’on lui a diagnostiqué une myopathie. « C’est un handicap invisible mais qui a eu de lourdes conséquences durant ma scolarité et mes études. À cause des traitements, j’étais obligée de rater des cours. Je devais aussi en gérer les effets secondaires. » Ceci n’a pas empêché la jeune femme de poursuivre un parcours universitaire jusqu’au doctorat et de soutenir sa thèse de physique l’année dernière.
À la rentrée universitaire 2024/2025, les établissements français d’enseignement supérieur totalisent près de 65 000 étudiantes et étudiants en situation de handicap. C’est neuf fois plus que vingt ans plus tôt, lors de l’adoption de la loi du 11 février 2005 sur l’égalité des droits et des chances des personnes en situation de handicap. « Chaque année, le nombre d’étudiantes et étudiants en situation de handicap augmente de 15 % à l’échelle nationale », confirme Clotilde Coron, vice-présidente Égalité, diversité, inclusion de l’Université Paris-Saclay. À l’échelle de l’université, les effectifs sont ainsi passés d’environ 900 en 2017/2018 à quelque2 300 sur l’année 2023/2024. Cette hausse s’explique par des diagnostics plus précoces mais aussi par une meilleure prise en compte du handicap dans les établissements. « Il y a une personnalisation de plus en plus poussée des aménagements », relève Clotilde Coron. « Ce qui est bien parce que ça permet à toutes les personnes concernées de mener leurs études en ayant le moins de freins possibles. »
Offrir aux jeunes en situation de handicap les meilleures conditions pour mener et réussir leurs études, tel est justement l’un des objectifs du schéma directeur handicap de l’Université Paris-Saclay consultable en ligne et actuellement en cours de réécriture. « C’est un programme d’actions en six axes qui concerne les étudiants comme les personnels en situation de handicap. Mais il y a des actions spécifiques pour la population étudiante sur les questions des examens, de l’insertion professionnelle, de la mobilité internationale, etc. », dévoile la vice -présidente. Des actions dont il est possible de bénéficier dès la première année d’études et dans toutes les facultés, écoles, école universitaire d’ingénieurs et universités membres-associés de l’Université Paris-Saclay.
« Nous essayons au maximum de nous adapter »
Pour accompagner ces étudiantes et étudiants, l’Université Paris-Saclay s’appuie sur un vaste réseau de référents. « Chaque composante de l’université dispose d'un référent ou une référente handicap dont le rôle est de répondre aux besoins éventuels d’aménagements et d’accompagnements », précise Gwennaël Pacé, responsable du pôle Diversité et handicap de l’université. Une fois inscrit, l’étudiant ou étudiante dispose ainsi de deux portes d’entrée : soit le ou la référente handicap de sa structure, soit le pôle Diversité et handicap de l’université. Elle ou il est alors dirigé vers le médecin de prévention du Service de santé étudiante (SSE) qui possède l’agrément pour étudier son dossier médical et préconiser les aménagements nécessaires. « Ces démarches doivent être effectuées le plus tôt possible après l’inscription pour que l’étudiant ou l’étudiante soit recensée et que les aménagements adéquats soient mis en place », explique la responsable du pôle.
« Si les aménagements ne sont pas réalisables, nous organisons une équipe plurielle pour évaluer la situation et faire une nouvelle proposition », poursuit Gwennaël Pacé. « Il faut garder en tête que les accompagnements sont de plus en plus personnalisés. Nous essayons au maximum de nous adapter. » Les aménagements possibles vont donc dépendre de la personne et de son handicap, et concernent aussi bien les études que les examens ou les concours. Il est possible par exemple de bénéficier d’un prêt de matériel spécifique, d’une carte de photocopies ou d’un badge pour l’accès aux ascenseurs. Ou de convenir d’un allongement de la durée des études, d’un aménagement des horaires ou d’une autorisation d’absence, de retard.
« À CentraleSupélec, c’était la première fois que j’avais un référent handicap, un interlocuteur direct pour me donner des conseils. C’était rassurant parce que je n’avais pas tellement besoin d’aménagements, si ce n’est la possibilité de m’absenter et de rattraper les cours plus tard », se souvient Gaëlle Vitali-Derrien. Parmi les aménagements, figurent aussi des aides humaines comme du tutorat, de la prise de notes pour les cours ou des secrétaires dont le rôle est d’être la main de l’étudiant ou étudiante pendant les examens (voir l'encadré ci-dessous). Des aménagements ponctuels sont aussi possibles quand la situation le nécessite. « Récemment, nous avons été contactés par un étudiant autiste qui traversait un moment d’anxiété très forte et qui était dans l’incapacité de se déplacer pour son examen. Nous avons donc mis en place une surveillance d’examen à distance avec un logiciel », raconte Gwennaël Pacé.
Un accompagnement spécifique pour les troubles du neurodéveloppement
L’Université Paris-Saclay est particulièrement engagée dans l’accompagnement des jeunes souffrant de troubles du neurodéveloppement (TND) : trouble du spectre de l'autisme (TSA), troubles « dys » - liés au langage ou à l’écriture - et trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Le 25 mars dernier, elle a d’ailleurs franchi un pas supplémentaire en signant la charte Atypie-friendly du programme éponyme lancé en 2018 par quinze universités, dont l’Université Paris-Saclay, pour favoriser l’inclusion des personnes ayant des TND. En 2025, ce sont une centaine d’étudiantes et étudiants qui bénéficient d’un accompagnement dans le cadre de ce programme.
Avec la signature de la charte, l’Université Paris-Saclay entend formaliser son engagement mais aussi renforcer les actions qu’elle déploie depuis plusieurs années. Parmi ces actions, figure l’instauration de consultations avec un neuropsychologue afin de réduire les délais importants d'accès au diagnostic. L’université a aussi mis en place des formations sur le TSA pour ses personnels et initié des rendez-vous conviviaux, sous la forme de « cafés atypiques », pour les étudiantes et étudiants concernés. En termes de matériels, des salles de repos ont vu le jour dans chaque composante de l'université et plusieurs bibliothèques ont été équipées de cabines insonorisées avec un accès prioritaire aux jeunes souffrant de ces troubles.
Trente-quatre contrats doctoraux handicap financés en huit ans
Si les étudiantes et étudiants en situation de handicap représentent environ 2 % de la population étudiante en France, elles et ils restent peu nombreux à poursuivre leur parcours universitaire jusqu’au doctorat. Pour encourager cette poursuite d’études, l’Université Paris-Saclay, à travers la Maison du doctorat, participe à la campagne « Doctorat handicap » initiée par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Ce dispositif permet de financer les trois années de doctorat des jeunes en situation de handicap, avec une possibilité de prolongation au-delà des trois ans. « Chaque année, la Maison du doctorat lance un appel aux étudiantes et étudiants de master et aux doctorantes et doctorants de première année pour candidater à ce financement », indique Ekaterina Parshukova, gestionnaire Vie étudiante doctorat au sein de la Direction vie étudiante et égalité des chances (DVEEC) et de la Maison du doctorat de l’Université Paris-Saclay. Les candidatures comprenant notamment une reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH), se font sur dossier déposé auprès de l’école doctorale de rattachement de l’étudiant ou étudiante.
Depuis 2016, 34 contrats doctoraux fléchés handicap ont été financés, dont 21 sur l’appel de la Maison du doctorat et 13 par le ministère. Gaëlle Vitali-Derrien est l’une des doctorantes à avoir bénéficié du dispositif, en plus de l’accompagnement apporté par le pôle Diversité et handicap. « Cette période constitue une grande cassure parce que tu es toujours étudiante mais tu as un contrat de travail, c’est le début de ta carrière. Grâce au contrat doctoral handicap, j’ai pu démarrer l’esprit tranquille et travailler tout en prenant soin de ma santé », détaille-t-elle. « J’ai en plus bénéficié d’une prolongation du contrat qui m’a permis d’aboutir à une thèse qui me ressemble plutôt qu’une thèse rognée à cause des soucis de santé. » Une expérience que la jeune chercheuse n’hésite pas à partager aujourd’hui, notamment à travers l’association 100 % Handinamique, découverte par hasard durant son doctorat grâce à son référent handicap et dont elle est aujourd’hui l’une des vice-présidentes. « Je sais que mener des actions pour accompagner les étudiants handi n’est pas évident parce qu’ils ne sont pas nombreux. Pour moi, ces actions ont pourtant été assez salvatrices. C’est pour ça qu’il est important de poursuivre les efforts, pour prendre en compte les difficultés liées au handicap et aboutir à un écosystème plus inclusif. »
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Des jobs solidaires pour aider les étudiantes et étudiants en situation de handicap
Quand cela est nécessaire, l’étudiant ou l’étudiante en situation de handicap peut bénéficier de l’aide d’un étudiant ou étudiante valide. « C’est un système d’aide de pair à pair », souligne Gwennaël Pacé, responsable du pôle Diversité et handicap de l’Université Paris-Saclay. Trois fonctions sont possibles pour ces aidantes et aidants : celle de tuteur ou tutrice, qui consiste à apporter une aide en matière d’organisation du travail, de planification des tâches, etc., celle de preneur ou preneuse de notes, qui consiste à retranscrire des cours, et celle de secrétaire d’examen, qui consiste à assister l’étudiant ou étudiante en situation de handicap en étant sa main ou sa voix durant les examens. À cela s’ajoute une quatrième fonction possible, celle d’ambassadeur ou d’ambassadrice de l’université, qui consiste à intervenir lors d’actions de sensibilisation ou de communication autour de la question du handicap.
Quelle que soit la fonction choisie, « les étudiantes et étudiants aidants sont rémunérés sous la forme de contrats annuels, mensuels ou plus courts. C’est un peu à la carte. Cela permet de faire un job solidaire », précise la responsable du pôle. Chaque année, des interventions ont lieu lors des réunions de rentrée pour mettre en lumière ce dispositif. Mais il est possible de postuler tout au long de l’année en contactant le pôle Diversité et handicap ou le ou la référente handicap de sa structure.

Cet article est issu de L'Édition n°27.
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