PROFIL D'ALUMNI : Mirna Naddour : de la recherche sur la santé mentale ou rien !
Après ces études de pharmacie au Liban, Mirna a continué avec le M2 MSR et a ensuite poursuivi sur un doctorat.
Actuellement en deuxième année de thèse, Mirna Naddour est venue présenter son parcours et son sujet de recherche aux étudiants en master de la GS Santé Publique. Titulaire d’un doctorat en pharmacie et d’un diplôme universitaire en recherche médicale de l’Université Libanaise, Mirna a poursuivi ses études à l’Université Paris-Saclay, où elle a obtenu un M2 en méthodologie et statistiques en recherche biomédicale.
Durant son M2, Mirna a effectué son stage au CESP dans l’équipe d’épidémiologie des radiations, afin d’étudier les effets oculaires à long terme chez les survivants du cancer pendant l'enfance et l'adolescence. À la fin de son master, elle a ressenti le besoin de développer son expertise et d’acquérir davantage d’expérience dans le domaine de la recherche. Elle a ainsi décidé de poursuivre en thèse, un choix motivé par son désir de contribuer à l’amélioration du bien-être des populations et d’élargir ses opportunités professionnelles. Elle a donc opté pour un sujet qui lui tenait particulièrement à cœur : la santé mentale.
Mirna a postulé à deux offres de thèse en lien avec ce thème et a intégré l’équipe ESSMA de l’Institut Pierre Louis d’Épidémiologie et de Santé Publique (iPLesp). Si elle n’avait pas été sélectionnée, elle aurait préféré repousser son entrée en thèse et attendre un sujet plus en phase avec ses passions.
L’équipe de recherche ESSMA
L’équipe Epidémiologie Sociale, Santé Mentale et Addictions (ESSMA), créée en 2025 au sein de l’unité iPLesp, succède à l’Equipe de Recherche en Epidémiologie Sociale (ERES). Elle se concentre sur trois axes thématiques principaux : la transmission intergénérationnelle des inégalités sociales de santé mentale, les addictions et les conséquences des violences vécues.
L’équipe évolue dans un environnement interdisciplinaire, réunissant cliniciens, chercheurs en sciences sociales et biostatisticiens. Son but est d’aider les professionnels de santé et les décideurs en santé publique à adapter leurs pratiques et politiques. Pour ce faire, l’équipe publie des articles de position, participe à des groupes de travail nationaux et internationaux et met en place des collaborations avec des partenaires académiques, des cliniciens et des associations.
Un projet de thèse dans le cadre du projet européen IMPROVA
Le projet IMPROVA, réunissant 13 institutions partenaires dans 7 pays européens, vise à améliorer la santé mentale des jeunes à travers une plateforme en ligne, axée sur la détection précoce et la prévention des risques Le premier objectif est d’identifier les groupes à haut risque et les facteurs influençant le bien-être mental, un sujet sur lequel travaille Mirna.
Les autres objectifs du projet incluent la co-création d’une plateforme de santé en ligne, « IMPROVA », destinée aux écoles et prenant en compte les spécificités socioculturelles de chaque pays participant, ainsi que son essai dans quatre pays européens dont la France. Enfin, le projet a pour but d’accroître la sensibilisation et de réduire la stigmatisation autour de la santé mentale dans les écoles, tout en développant une méthodologie pour intégrer IMPROVA dans les politiques de santé mentale à travers l’Europe.
La thèse de Mirna se concentre donc sur l’identification des populations à haut risque de troubles mentaux chez les adolescents, sous la direction de Judith van der Waerden avec une attention particulière au niveau familial des facteurs de risque et de protections de la santé mentale des adolescents.
L’impact du changement de la structure familiale.
Le premier axe de recherche de Mirna consiste à explorer l’impact des changements dans la structure familiale sur les problèmes émotionnels et comportementaux au début de l’adolescence. Pour cela, elle utilise les données de la cohorte Etude sur les déterminants pré et post natals précoces du Développement psychomoteur et de la santé de l’Enfant (EDEN), qui suit des femmes enceintes recrutées à Nancy et à Poitiers entre 2003 et 2006, et leurs enfants, depuis la grossesse jusqu’à l’adolescence.
L’impact du changement de la structure familiale.
Le premier axe de recherche de Mirna consiste à explorer l’impact des changements dans la structure familiale sur les problèmes émotionnels et comportementaux au début de l’adolescence.
Pour cela, elle utilise les données de la cohorte Etude sur les déterminants pré et post natals précoces du Développement psychomoteur et de la santé de l’Enfant (EDEN), qui suit des femmes enceintes recrutées à Nancy et à Poitiers entre 2003 et 2006, et leurs enfants, depuis la grossesse jusqu’à l’adolescence.
Grâce à une analyse séquentielle, Mirna identifie des patterns et des transitions dans la structure familiale au cours du temps ainsi que les facteurs associés à des patterns et transitions spécifiques. En utilisant des régressions linéaires et logistiques, elle testera l’association de ces patterns avec les problèmes émotionnels et comportementaux des adolescents, mesurés à l’aide d’échelles validées telles que la Child Behavior Checklist (CBCL) et le Strengths and Difficulties Questionnaire (SDQ).
Les effets de la phase post-dissolution maritale
Le deuxième axe de recherche de Mirna porte sur l’impact de la phase post-dissolution maritale sur les problèmes émotionnels et comportementaux au début de l’adolescence. Elle examine les facteurs environnementaux, comme la coparentalité, la composition du foyer et les relations, qui peuvent favoriser ou entraver l’adaptation des adolescents après une séparation. Pour cette étude, elle utilise les données de la cohorte Etude Longitudinale Française depuis l’Enfance (ELFE), qui suit des enfants nés en 2011, jusqu’à leur adolescence.
La revue parapluie
Dans le cadre de sa thèse, Mirna effectue une revue parapluie (ou umbrella review), en collaboration avec la Vrije Universiteit d’Amsterdam, afin d’explorer l’efficacité et l’implémentation des interventions de promotion de la santé mentale des adolescents en milieu scolaire, qu’elles soient en présentiel ou en ligne.
La revue parapluie est une méthode de plus en plus utilisée pour pallier au nombre croissant de revues systématiques publiées et des résultats parfois divergents de certaines études. C’est une sorte de revue de littérature des revues de littérature., c’est-à-dire, une analyse des revues systématiques ou méta-analyses déjà publiées. Elle consiste à répéter les méta-analyses en adoptant une approche uniforme pour tous les facteurs, afin de permettre leur comparaison. Ce type de revue représente l’un des niveaux les plus élevés de synthèse de preuves disponibles à ce jour. Elle offre aux décideurs en santé publique un moyen efficace de comprendre un domaine de recherche vaste.
Les conseils de Mirna pour bien préparer son entrée en thèse
Mirna souligne l’importance de choisir une thématique de thèse qui passionne le doctorant. Elle a postulé à seulement deux offres de thèse, car peu correspondaient à ses intérêts. Elle ajoute que si elle n’avait pas été retenue, elle aurait probablement cherché un poste dans un laboratoire de recherche en lien avec son domaine.
Pour maximiser ses chances d’obtenir une thèse, Mirna conseille aux étudiants de ne pas se limiter aux cours obligatoires, mais de chercher des formations complémentaires pour renforcer leurs compétences. Elle recommande également de réaliser un stage dans une équipe travaillant sur la thématique souhaitée, afin d’acquérir des compétences pratiques et de commencer à construire un réseau professionnel.
Le réseautage est essentiel, en particulier sur des plateformes comme LinkedIn, et il ne faut pas hésiter à suivre des formations pour améliorer son profil, son CV et ses lettres de motivation.
Enfin, après sa thèse, Mirna envisage de poursuivre dans le domaine de la santé mentale, soit en France soit en collaboration avec des partenaires internationaux. Le projet européen IMPROVA lui permet déjà d'établir des collaborations internationales, qu’elle trouve particulièrement enrichissantes tant sur le plan scientifique que personnel.
La recherche est pour elle une vocation, et elle n’envisage pas de s’en détourner pour l’instant.
Témoignage recueillit en janvier 2025