Ces oeuvres d'art qui peuplent les campus de l'Université Paris-Saclay

Art et culture Article publié le 18 juillet 2025 , mis à jour le 29 juillet 2025

Cet article est issu de L'Édition n°24.

Avec 40 œuvres issues du 1 % artistique appartenant à ses établissements membres, l’Université Paris-Saclay abrite également, au sein de ses bâtiments et campus, des sculptures et tableaux prêtés par le centre Pompidou, le Centre national des arts plastiques (Cnap) et le Fonds départemental d’art contemporain (FDAC) de l’Essonne. Toutes ces œuvres, réalisées par des artistes bénéficiant souvent d’une renommée internationale et datant des XXe et XXIe siècles, représentent un patrimoine remarquable, visible et accessible à tous et toutes.

Au gré d’une promenade sur les différents campus de l’Université Paris-Saclay, il n’est pas rare de croiser, au détour d’un jardin ou dans le hall d’un bâtiment, une sculpture monumentale, une installation, une fresque ou encore une tapisserie attirant l’œil et l’intérêt du passant. Ces œuvres d’art appartiennent au patrimoine artistique de l’Université, dont une grande partie provient de ce qu’on appelle le 1 % artistique. Ce dispositif légal français, en vigueur depuis 1951 et étendu aux universités en 1993, oblige, pour toute construction ou rénovation d’un bâtiment public, de consacrer 1 % du budget prévu à la commande d’une œuvre artistique d’un artiste vivant. Outre le fait de soutenir la création, le 1 % artistique a pour but de partager et de faire découvrir l’art contemporain à toutes les citoyennes et tous les citoyens, au-delà des habitués des musées. À l’Université Paris-Saclay, ce dispositif fait entrer l’art dans le quotidien de toute la communauté universitaire.

Le 1 % artistique sème l’art sur les campus

Dans le cadre du 1 % artistique, la commande d’une œuvre intervient dès la construction du bâtiment, via un appel d’offres auquel répondent des artistes de tous les profils. Un seul mot d’ordre pour elles et eux : concevoir une œuvre d’art qui s'intégrera à l’architecture du bâtiment envisagé. Un jury, constitué de représentantes et représentants de la présidence, du bâtiment concerné, de l’architecte de l’institution commanditaire mais également de spécialistes nommés par la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) et par l’université, évalue ensuite les propositions artistiques envoyées. Une fois le choix de l’œuvre arrêté et la commande lancée, l’artiste retenu se charge de réaliser l’œuvre.

Quarante œuvres issues de ce programme sont aujourd’hui présentes sur les différents campus de l’Université. Les plus anciennes datent des années 1950 et les plus récentes de 2020. La liste de ces œuvres inclut même des artistes de renommée internationale, tels que Germaine Richier, Alfred Janniot, Robert Couturier, Gérard Fromanger ou encore Jean-Marie Appriou. 

Avec le 1 % artistique, l’université ne s’engage pas uniquement à financer des œuvres mais également à les entretenir et à leur garantir de bonnes conditions d’exposition. « Notre rôle est de maintenir et d’enrichir le patrimoine de l’université », confirme Patrice Godard, responsable de la préservation et de la valorisation du patrimoine culturel à l’Université Paris-Saclay. Ainsi, en 2019, une sculpture de l’artiste Paul Belmondo, représentant Apollon, a été rénovée grâce au budget alloué et inaugurée en présence de son fils. 

Si certains établissements membres de l’Université Paris-Saclay ont ces dernières années acquis des œuvres d’art grâce au 1 % artistique, comme l’ENS Paris-Saclay en 2020, aucun appel à projets n’avait été lancé depuis 1973 dans le périmètre employeur. C’est chose faite en 2023 par le biais de deux campagnes, l’une pour le bâtiment H-Bar situé sur le campus d’Orsay, l’autre pour le bâtiment Pascal situé sur le plateau du Moulon. Les délibérations quant au choix des deux œuvres accueillies prochainement par ces bâtiments sont toujours en cours et proches d’être conclues.

Un patrimoine enrichi par des collaborations prestigieuses

Outre les œuvres acquises dans le cadre du 1 % artistique, l’Université Paris-Saclay est partenaire de nombreuses et prestigieuses institutions qui viennent enrichir son patrimoine artistique. L’Institut des sciences moléculaires d’Orsay (ISMO – Univ. Paris-Saclay/CNRS) accueille par exemple seize estampes de divers peintres, ainsi qu’une sculpture monumentale, Gorgone, du sculpteur Vincent Barré. Ces œuvres proviennent des collections du Centre national des arts plastiques (Cnap) qui collabore depuis plusieurs années avec l’université. Le site Henri Moissan, situé sur le plateau de Saclay et abritant le pôle Biologie – Physique – Chimie, bénéficie lui depuis 2023 d’un prêt du Centre Pompidou avec l’œuvre Algebrica d’Antoine Poncet, une grande figure de la sculpture abstraite de la fin du 20e siècle.

Certains artistes, ou leurs ayants droit, décident parfois de faire don de leurs œuvres à l’université. C’est le cas du sculpteur Jean Suzanne, dont la sculpture monumentale donnée à l’Université a été installée en juin 2024, au Laboratoire de physique des solides (LPS– Univ. Paris-Saclay/CNRS) sur le campus d’Orsay. Devraient suivre des donations d’autres sculptures monumentales d’Albert Féraud, de Michel Charpentier, de René Coutelle et de Claude Mercier. « Ce sont souvent des enfants d’artistes qui souhaitent que l’œuvre de leur parent soit valorisée par une installation à l’université », précise Patrice Godard.

Le street art s’invite aussi à l’Université

Depuis quelques années, le street art s’affiche de plus en plus dans les rues et allées des campus de l’université. Grâce à une nouvelle politique artistique, des street artists renommés, tels que Muziotti, Turk et Twopy, sont invités à s’exprimer sur les bâtiments de l’université. L’artiste urbain Christian Guémy, plus connu sous le nom C215, a ainsi peint de grands portraits de scientifiques et de personnages de science-fiction sur les murs intérieurs et extérieurs des bâtiments du CEA Paris-Saclay. Une initiative qui lie plus fortement art et sciences, deux processus créatifs trop souvent opposés.

Quelques œuvres issues du 1 % artistique ou confiées à l'université

Terra Mater de Alfred Janniot (1963) 

Alfred Janniot (1889 – 1969) est un sculpteur français, chef de file du mouvement Art Déco et surtout connu pour les bas-reliefs du palais de la porte Dorée et du palais de Tokyo, à Paris. Il a réalisé, en 1963, une sculpture onirique et monumentale pour ce qui était alors le centre d’Orsay de la faculté des sciences de Paris. Située devant le bâtiment 302, sur le campus vallée à Orsay, cette figure féminine, coiffée d’une chouette et d’un python et parée d’une faune et d’une flore luxuriante, représente la déesse primordiale Gaïa, ancêtre des divinités et des monstres. Elle s’inscrit parfaitement dans la richesse végétale de son environnement. Cette création fantastique et métaphorique est devenue avec le temps un symbole de l’Université Paris-Sud puis de l’Université Paris-Saclay.

© Christophe Peus

Quatre tapisseries (1973) : Comme une musique (Michel Seuphor), Optique et lyophilisation (Jacques Despierre), Soleil et sable (Gustave Singier), Torse rouge étendu (Raoul Ubac)

En 1973, quatre artistes réalisent quatre tapisseries imposantes pour la Faculté de pharmacie de l’Université Paris-Sud (aujourd’hui Université Paris-Saclay) située alors à Châtenay-Malabry. Toutes de mêmes dimensions, elles sont typiques du mouvement abstrait des années 1970 mais arborent des styles très différents. Dans Torse rouge étendu, Raoul Ubac évoque, par des sillons au milieu d’un aplat rouge, le labour des champs et le rythme qu’il crée. Dans Comme une musique,Michel Seuphor fait danser des traits blancs sur un fond de lignes noires parallèles, évoquant des notes de musique. Gustave Singier utilise des projections linéaires et des aplats de couleurs chaudes, rappelant le titre de l’œuvre Soleil et sable. Enfin, Jacques Despierre offre dans Optique et lyophilisation une composition très dynamique où des formes géométriques s’entrecroisent en noir et blanc. Lorsque la Faculté de pharmacie de l’Université Paris-Saclay déménage en septembre 2022 sur le plateau de Saclay, elle ne peut garder ces œuvres. Elle en fait don à l’Université d’Évry, qui les expose dans le hall de son bâtiment Maupertuis. Au-delà d’être une illustration de la collaboration entre membres de l’Université Paris-Saclay, ce transfert d’œuvres montre que les biens culturels sont préservés au-delà de la vie du bâtiment qui les a vus naître.

Ci-contre, deux des quatre tapisseries à l’Université d’Évry : Soleil et sable et Optique et lyophilisation © Christophe Peus

Dans le jardin de Jean-Marie Appriou (2020)

En amont de son déménagement sur le plateau de Saclay en 2020 et dans le cadre de la construction de son nouveau bâtiment, l’ENS Paris-Saclay, alors située à Cachan, lance plusieurs appels d’offres au titre du 1 % artistique. Elle retient le sculpteur français de 38 ans Jean-Marie Appriou pour réaliser un ensemble sculptural, qui orne aujourd’hui les bassins du jardin intérieur de l’école. Des chauves-souris et des libellules géantes survolent deux bassins tandis qu’un îlot de cyprès et un massif de ronces sont plantés dans deux autres. Enfin, sur le bassin central, vogue une pirogue où sont installés un rameur et une figure en peau d’hippocampe. Souvent inspiré par les mythes et les légendes, l’artiste évoque ici le cycle du soleil dans ces bassins orientés d’est en ouest.

Ci-contre la pirogue, l'une des œuvres de Dans le jardin © Tanguy Beurdeley

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