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Stéphane Bazot : Comprendre l’écologie du système plante-sol

Portrait de chercheur ou chercheuse Article publié le 24 juin 2022 , mis à jour le 30 juin 2022

Stéphane Bazot est enseignant-chercheur au sein du laboratoire Écologie, systématique et évolution (ESE – Univ. Paris-Saclay, CNRS, AgroParisTech) et directeur-adjoint délégué à la Recherche au sein de la Graduate School Biosphera de l’Université Paris-Saclay. Spécialiste du fonctionnement carboné et azoté du système plante-sol, il s’est intéressé tout au long de sa carrière à des écosystèmes aussi variés que les prairies, les bassins d’orage viticoles, les forêts… et même les terrains de golf !

Aussi loin qu’il se souvienne, Stéphane Bazot s’est toujours intéressé aux plantes. « Je me revois adolescent expérimenter des semis dans mon jardin ou tenter de polliniser – sans grand succès – des tulipes », raconte l’enseignant-chercheur. C’est donc assez naturellement, qu’une fois son bac scientifique obtenu, il décide de s’orienter vers la biologie végétale. Puis, suite à une maîtrise consacrée à la biologie des populations et des écosystèmes au cours de laquelle il découvre l’intérêt d’intégrer le vivant dans une échelle plus large, vers la recherche en agronomie et en écologie. « J’ai donc fait un DEA de sciences agronomiques à Nancy au sein de l’École nationale supérieure d’agronomie et des industries alimentaires. Pendant mon DEA, j’ai effectué mon stage à l’INRA de Dijon où j’ai travaillé sur l’hybridation du colza génétiquement modifié avec des espèces sauvages apparentées, en plein champ. Après quoi, j’ai poursuivi en thèse dans un laboratoire de l’INRA de Nancy, sur les transferts de carbone et d’azote au sein des écosystèmes prairiaux », indique l’enseignant-chercheur. Il obtient ensuite un poste d’attaché temporaire de recherche et d’enseignement à l’université de Strasbourg où il travaille sur les transferts d’azote dans les sols forestiers, puis se voit proposer un post-doctorat à l’Université de Haute Alsace à Colmar. « J’ai alors pu enrichir ma palette de compétences en me consacrant à la caractérisation des communautés microbiennes des sols de bassins d’orage viticole », indique Stéphane Bazot. À l’issue de cette expérience, il est recruté en 2007 comme maître de conférence par l’Université Paris-Sud où il rejoint le laboratoire Écologie, systématique et évolution (ESE), au sein de l’équipe Écophysiologie végétale. Stéphane Bazot est aujourd’hui directeur-adjoint du laboratoire ESE.

 

Une constante de recherche : expérimenter en milieux réels

Stéphane Bazot ne fait pas partie de ces chercheurs qui aiment à rester enfermés dans leur laboratoire. « Tout au long de ma carrière, j’ai toujours eu à cœur d’étudier le vivant intégré dans son environnement et donc de mener des expérimentations au sein d’écosystèmes naturels », explique-t-il. Après avoir étudié l’effet de l’augmentation des concentrations atmosphériques en CO2 sur les prairies en Suisse au cours de sa thèse, puis les communautés microbiennes dans les sols de bassins d’orage viticoles lorsqu’il était à Colmar, il se consacre aux écosystèmes forestiers au sein de l’équipe Écophysiologie végétale lorsqu’il rejoint Orsay en 2007. « Au cours des quinze dernières années, j’ai notamment mené de nombreuses recherches sur différents sites expérimentaux tels que la forêt de Barbeau où se trouve une immense tour qui mesure les échanges de CO2 entre forêt et atmosphère ; ou encore la forêt de Fontainebleau où j’ai étudié le dépérissement du hêtre », indique l’enseignant-chercheur. Depuis 2018, poussé par l’envie de coupler écologie fonctionnelle et écologie évolutive, c’est désormais au cœur de vergers qu’il étudie la plasticité phénotypique et l’adaptation génétique du pommier sauvage au changement climatique. « Plus récemment, dans un tout autre registre, j’ai également été sollicité pour travailler sur l’optimisation des substrats de culture du golf national de Guyancourt », ajoute-t-il.

 

Penser le lien entre végétation, sol et micro-organismes avec pour fil conducteur, le sol

Autre invariant de la carrière de Stéphane Bazot : la volonté de réintégrer la question du sol dans la plupart de ses recherches. « Alors que longtemps, dans nos disciplines, le sol a été considéré comme une sorte de boîte noire, nous savons aujourd’hui qu’il s’agit d’un compartiment essentiel à la vie. C’est un support et un réservoir d’éléments nutritifs pour les végétaux ou encore un compartiment de filtration des eaux. À lui seul, il abrite plus de 25 % de la biodiversité connue de notre planète ! Une cuillère à café de sol contient plus de 200 m de filaments mycéliens et 1 millions de bactéries ! C’est pourquoi j’ai toujours cherché à développer des recherches sur les écosystèmes plante-sol, en réintégrant le sol dans la réflexion sur la gestion des différents milieux », explique l’enseignant-chercheur. C’est ainsi qu’en développant des recherches en pleine forêt sur les transferts du carbone et de l’azote dans le système plante-sol, il impulse l’intégration du sol dans les recherches de l’équipe écophysiologie végétale à laquelle il appartient.« À partir de 2015, nous avons notamment développé de nouveaux projets de recherche, en collaboration avec d’autres laboratoires nationaux et internationaux, sur la caractérisation des transferts de matière organique des plantes vers le sol et aussi sur la diversité structurale et fonctionnelle des communautés microbiennes  des sols forestiers », ajoute-t-il. 

 

Enseigner, en impliquant ses étudiantes et étudiants sur le terrain et en mode projet

Alors qu’il n’est encore qu’un jeune thésard, Stéphane Bazot commence à enseigner les sciences du sol et la biologie végétale à des étudiants de 1re et de 2de année de DUT. Une expérience décisive qui le convainc de devenir enseignant-chercheur. « J’ai tout de suite aimé le contact avec les étudiantes et les étudiants, la satisfaction de transmettre la science et de voir naître l’intérêt dans leurs yeux », se souvient-il. Recruté comme maître de conférence à l’Université Paris-Sud en 2007, il enseigne aussi bien en licence qu’en master et s’investit très vite dans le montage de nouveaux enseignements (notamment sur les relations plantes-sol qui occupent alors ses recherches) et dans l’accompagnement de stages de terrain. Il prend progressivement la responsabilité de plusieurs unités d’enseignement, dont plusieurs de terrain – basées sur le campus vallée d’Orsay, en forêt de Fontainebleau et même en forêt de Brocéliande en Bretagne – avant de devenir responsable en 2015 de la mention de master Biodiversité, écologie, évolution. Autant d’expériences au cours desquelles il développe une approche de l’enseignement par projet. « Je suis convaincu des vertus d’une pédagogie impliquant les étudiantes et étudiants dans la réalisation de projets concrets. C’est pourquoi j’aime les faire travailler, autant que faire se peut, sur des projets concrets à la fois issus de travaux de recherche mais aussi de commandes de professionnels du secteur de l’environnement et de la gestion de la biodiversité. La découverte d’un métier, que ce soit celui de chercheur ou chercheuse en écologie, ou d’écologue en entreprise, passe par la confrontation à la réalité », précise-t-il.  

 

S’engager dans la construction des collaborations de demain

Dès 2018, alors que débute la réflexion autour de la construction des Graduate School de la future Université Paris-Saclay, Stéphane Bazot décide de s’investir au sein du groupe de travail dédié aux sciences du vivant. Un travail qui aboutit au lancement en 2021 de deux Graduate Schools en sciences du vivant : Life Science and Health et Biosphera dont Stéphane Bazot devient directeur-adjoint délégué à la recherche. « Si j’ai immédiatement souhaité m’investir dans cette Graduate School, c’est parce que j’ai trouvé particulièrement intéressante cette volonté d’envisager le vivant en interaction avec son environnement, en faisant de la place à tous les acteurs et actrices de la recherche concernés par cette thématique au sein du campus Paris-Saclay. Je me réjouis donc aujourd’hui de travailler avec des chercheurs et chercheuses en écologie, en agronomie, en sciences animales, en sciences du végétal, etc. Je suis certain que des interactions de notre communauté naîtront de nouvelles collaborations passionnantes », conclut Stéphane Bazot.

 

Stéphane Bazot - Crédits Christophe Peus