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Marc Humbert : guérir l’hypertension pulmonaire

Portrait de chercheur ou chercheuse Article publié le 17 mai 2019 , mis à jour le 24 septembre 2020

Marc Humbert est professeur de pneumologie à l’Université Paris-Saclay, chef du service de pneumologie et soins intensifs respiratoires de l’hôpital Bicêtre (Assistance publique - Hôpitaux de Paris), où il est responsable du centre de référence de l’hypertension artérielle pulmonaire. Il est un spécialiste mondialement reconnu des maladies de la circulation pulmonaire et en particulier des formes rares d’hypertension pulmonaire. Au sein de son laboratoire, il contribue de manière décisive à développer des innovations thérapeutiques au profit de l’espérance de vie des malades.

« Les formes rares d’hypertension pulmonaire sont des maladies insidieuses qui progressent à bas bruit. Elles touchent quelques milliers de personnes en France, mais sont fréquemment diagnostiquées à un stade avancé, du fait de leur rareté et des symptômes peu évidents, comme un essoufflement initialement léger, devenant plus important et évoluant vers des malaises à l’effort, des signes d’insuffisance cardiaque et le décès », observe Marc Humbert.

Son service de pneumologie à l’hôpital Bicêtre est labellisé centre de référence des maladies rares pulmonaires depuis 2017 par l’Union européenne. « Nous y tenons le registre des malades d’hypertension pulmonaire le plus important au monde, avec plus de 12 000 cas. Cette forme d’hypertension touche exclusivement la circulation du sang dans le poumon. La pression y monte à cause de la modification des cellules endothéliales qui tapissent l’artère pulmonaire ou des séquelles de caillots qui la bouchent suite à une embolie. Pour établir le diagnostic, on estime approximativement la pression artérielle pulmonaire par échographie Doppler du cœur, et on le confirme par un cathétérisme cardiaque droit. »

A la pointe de l’innovation thérapeutique

La finalité des recherches de Marc Humbert, c’est l’innovation thérapeutique, « comprendre les mécanismes de l’hypertension pulmonaire et ses conséquences, pour découvrir des médicaments et développer de nouvelles approches thérapeutiques chirurgicales ou de radiologie interventionnelle». Partagé entre les hôpitaux Bicêtre et Marie Lannelongue, son laboratoire Physiopathologie et innovation thérapeutique compte une cinquantaine de chercheurs, doctorants et post-doctorants. « Nous y faisons de la recherche translationnelle pour étudier toutes les anomalies possibles (génétiques, fonctionnelles…) à partir desquelles les biologistes, les chimistes, les pharmaciens, les médecins et les chirurgiens développeront de nouveaux traitements. » Les programmes de recherche pluridisciplinaires, comme le Labex LERMIT et le DHU Thorax Innovation (TORINO) sont pour lui « essentiels » car ils favorisent l’innovation.

Une découverte majeure

La grande découverte de l’équipe de Marc Humbert est d’avoir analysé les conséquences cliniques du dysfonctionnement de la cellule endothéliale pulmonaire et développé des approches thérapeutiques combinées. A priori très agressive, cette association de plusieurs traitements suscitaient bien des craintes, notamment quant à l’émergence d’effets secondaires. « Mais cela ne s’est pas produit. Nous avons, au contraire, transformé le pronostic de la maladie, avec des survies moyennes de plus de 7 ans aujourd’hui, contre moins de 3 ans il y a 20 ans », raconte le chercheur.

Transmettre aux jeunes générations de chercheurs

Pur produit de l’Université Paris-Sud, Marc Humbert rédige sa thèse pendant son internat en pneumologie à l’hôpital Béclère à Clamart, puis part deux ans en post-doctorat à Londres à l’Imperial College. « Très réceptif » à la qualité de la prise en charge témoignée par ses « mentors » lors de son internat, il s’engage très tôt dans la lutte contre l’hypertension pulmonaire. « Je suis fier d’avoir travaillé avec les professeurs Duroux et Simonneau. En médecine, le compagnonnage est très important. »

Aujourd’hui c’est à son tour de former la jeune génération. « Je dis aux chercheurs de travailler avec persévérance, dans l’objectif ultime de comprendre et de guérir les malades qu’ils rencontrent grâce au positionnement du laboratoire au cœur d’un hôpital. Aux médecins, je conseille d’être ambitieux tout en restant respectueux des patients. Mes années dans la recherche médicale m’ont montré que tout est possible, à condition de se poser les bonnes questions et de s’engager avec détermination dans des collaborations nationales et internationales. Nous avons fait des découvertes extraordinaires, les possibilités d’en accomplir d’autres sont immenses », conclut Marc Humbert.

Marc Humbert figure parmi les « Highly Cited Researchers » (Clarivate Analytics) de l’Université Paris-Saclay, c’est-à-dire les chercheurs dont les publications sont les plus citées au monde.

Il a à son actif un grand nombre de récompenses scientifiques dont :

  • Le Cournand Lecturer Award (2006) et le LifeTime Acheviement (2018), pour l’ensemble de sa carrière (European Respiratory Society)
  • Le prix Éliane et Gérard Pauthier pour la recherche sur les maladies rares (Fondation des maladies rares sous l’égide de la Fondation de France)
  • Le prix Descartes-Huygens (2009) de l’Académie des arts et sciences néerlandaise.