Le projet Vigie-Ciel lauréat du prix de la recherche participative

Science et société Article publié le 04 juillet 2025 , mis à jour le 04 juillet 2025

Le 3 juillet, le projet de sciences participatives Vigie-Ciel s’est vu remettre le prix de la recherche participative 2025 dans la catégorie « recueil citoyen » lors d’une cérémonie organisée au siège de l'INRAE. 

Le projet de sciences participatives Vigie-Ciel, co-fondé par Sylvain Bouley, professeur à l’Université Paris-Saclay, planétologue au laboratoire Géosciences Paris-Saclay (Geops – Univ. Paris-Saclay/CNRS) et vice-président de la Société Astronomique de France, ainsi que Brigitte Zanda, professeure au Muséum national d’histoire naturelle (MNHN), a reçu le prix de la recherche participative décerné par INRAE, en lien avec le ministère de l'Enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation. Lauréat de la catégorie « recueil citoyen », Vigie-Ciel se voit ainsi reconnu pour la qualité de son processus participatif, l'excellence des résultats obtenus et la portée de ses impacts.

Le programme Vigie-Ciel est né de la volonté de rapprocher les sciences de la Terre et de l’espace du grand public, en l’associant à une démarche de sciences participatives autour de l’observation des météorites et des phénomènes célestes. Il s’inscrit dans le prolongement de Vigie-Nature, un programme lancé par le Muséum national d’Histoire naturelle qui avait démontré l’intérêt de mobiliser les citoyens pour la collecte de données scientifiques. Dans cette dynamique, plusieurs institutions ont décidé d’unir leurs compétences pour créer Vigie-Ciel dans le cadre du projet national 65 Millions d’Observateurs1, soutenu par les Investissements d’Avenir, pour accompagner le programme scientifique FRIPON (Fireball Recovery and Inter Planetary Observation Network), financé par l’Agence Nationale de la Recherche, qui déploie un réseau de caméras destiné à détecter les bolides et à localiser les météorites associées.

Porté par un collectif d’acteurs scientifiques, le projet associe le Muséum national d’Histoire naturelle, l’Observatoire de Paris, l’Université Paris-Saclay, l’Observatoire des Sciences de l’Univers Pythéas et plusieurs laboratoires du CNRS. Ce partenariat met en commun des compétences variées pour piloter un programme à la croisée de l’astronomie, des géosciences et de la médiation scientifique. 

L’Université Paris-Saclay, et plus particulièrement le laboratoire Géosciences Paris-Saclay (Geops – Univ. Paris-Saclay/CNRS) a occupé une place centrale dans cette dynamique, en assurant la direction scientifique d’une partie du projet et en mobilisant ses spécialistes de l’étude des météorites et des structures d’impact. Cette implication s’inscrit dans la continuité des travaux du laboratoire et de son engagement à favoriser l’ouverture de la recherche vers la société.

Vigie-Ciel répond à un double objectif. D’une part, il vise à renouveler les connaissances sur les météorites et les structures d’impact en France, où les découvertes documentées avaient fortement diminué depuis le XIXe siècle. D’autre part, il cherche à renforcer la culture scientifique autour des phénomènes célestes et de l’histoire de la Terre, en invitant les citoyens à devenir acteurs de la recherche. Le projet contribue ainsi à démocratiser les savoirs, à susciter des vocations et à valoriser le patrimoine naturel et scientifique que représentent météorites et cratères d’impact.

Les programmes Vigie-Ciel et Vigie-Cratère reposent sur un partenariat étroit entre chercheurs et citoyens bénévoles. Vigie-Ciel propose un outil en ligne permettant au public de déclarer des observations de météorites à l’aide d’un questionnaire détaillé, basé sur la plateforme développée par l’American Meteor Society (AMS). Accessible au plus grand nombre, cet outil permet de visualiser l’ensemble des témoignages relatifs à chaque événement et de croiser ces données avec les enregistrements des caméras FRIPON. Cette approche facilite la reconstitution des trajectoires et la détermination des zones d’impact potentielles, essentielles pour organiser les battues et campagnes de terrain visant à collecter les fragments météoritiques. Vigie-Cratère, actuellement en phase pilote, engage, quant à lui, les citoyens à identifier des structures circulaires potentiellement liées à des cratères d’impact à partir d’images satellites, qui sont ensuite confrontées à des données scientifiques.

La méthodologie de la science participative a permis plusieurs avancées majeures. En février 2023, la chute de l’astéroïde 2023 CX1 a été rapidement détectée grâce au réseau de caméras et à la mobilisation des citoyens, permettant la récupération en un temps record de fragments précieux pour l’étude de leur origine et composition. En Sologne, malgré des terrains difficiles et des négociations avec des propriétaires privés, la coordination entre témoins, relais locaux et scientifiques a permis de retrouver un fragment important. Ces exemples montrent que la science participative, bien encadrée, accélère la collecte de données rares tout en renforçant le lien entre société et recherche. Vigie-Ciel illustre ainsi comment une mobilisation collective, soutenue par des outils modernes, peut contribuer à faire progresser la science.

Photo de la remise du prix

Le Prix de la recherche participative récompense des travaux menés selon une démarche impliquant un large public. Les projets de « recueil citoyen » (ou « crowdsourcing ») mobilisent de nombreux amateurs pour collecter et/ou interpréter des données, souvent grâce à des plateformes numériques. Dans ces initiatives, les objectifs et protocoles de recherche peuvent être conçus en collaboration plus ou moins étroite avec les participants.

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Notes

1: Lancé en 2015, le projet collaboratif 65 Millions d’Observateurs vise à fédérer citoyens et scientifiques autour de dispositifs de sciences participatives pour mieux comprendre la biodiversité et l’environnement. Porté par le Muséum national d’Histoire naturelle, il regroupe plusieurs programmes, dont Vigie-Ciel. Ce projet ambitionne d’étendre la participation citoyenne à toutes les étapes de la démarche scientifique grâce à des outils numériques innovants.