
Escape games : quand l’Université Paris-Saclay se prête au jeu
Cet article est issu de L'Édition n°27.
Plus que de simples jeux immersifs, les escape games sont aussi d’excellents outils pour vulgariser les sciences, valoriser des ressources ou un patrimoine scientifique, comme en témoignent deux expériences créées à l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ) et à la Faculté des sciences de l’Université Paris-Saclay.
Ce vendredi s’annonçait pourtant comme une journée paisible au centre de contrôle. Et puis, la mauvaise nouvelle est tombée : l’astronaute Thomas Pasquier s’est perdu dans l’espace ! À la dérive loin de la Terre, il ne lui reste que trente minutes d’oxygène. Mais où l’astronaute est-il allé se perdre ? L’équipe du centre est sous-tension. Elle doit retrouver au plus vite la localisation de son vaisseau pour le rapatrier avant qu’il ne soit trop tard. Heureusement, Thomas Pasquier a laissé des indices derrière lui. Il reste à l’équipe de réussir à les trouver...Trente minutes plus tard, la mission est accomplie, Thomas Pasquier est sauvé !
Retour dans le monde réel. Tout était fictif. Nous ne sommes pas dans un centre de contrôle mais dans Le Cube, la salle d'innovation pédagogique installée au sein de la bibliothèque universitaire (BU) Saint-Quentin de l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ). En mars dernier, l’endroit était le siège d’un nouvel escape game concocté par la BU : Le Cube…Nous avons un problème !.
Après la médecine et les fake news, l’espace
Les escape games – ou jeux d’évasion – sont des expériences durant lesquelles les joueurs et joueuses doivent remplir une mission en équipe dans un temps limité. Pour ce faire, l’équipe est enfermée dans une salle immersive où se cachent des indices à trouver pour progresser dans l’énigme. Depuis une dizaine d’années, les escape games sont devenus un loisir très populaire. Il n’est donc pas étonnant que la communauté de l’Université Paris-Saclay ait succombé à la tendance. D’autant plus que ces jeux ne sont pas que de simples expériences immersives. Ils peuvent aussi être un excellent outil pédagogique, comme à la BU St-Quentin où trois escape games physiques ont déjà été créés.
Le premier jeu, conçu en 2023, consistait à échapper aux griffes d’un savant fou en utilisant des connaissances en médecine. Le deuxième, créé en 2024, se déroulait dans une station de recherche arctique et évoquait les thèmes des fake news et du changement climatique. « L’idée est à chaque fois de proposer des énigmes scientifiques tout en faisant travailler sur les services de la bibliothèque, comme la recherche dans les bases de données », précise Emmanuelle Roger, coordinatrice des formations usagers en licence et master à la BU St-Quentin. Plus d’une centaine de joueurs et joueuses se sont essayés à ces premières énigmes.
Pour ce troisième volet, « nous voulions valoriser nos services et les bases documentaires, en plus de mettre en avant une thématique en lien avec l’université », détaille Florence Gabriel, responsable documentaire en Droit, science politique et sociologie à la BU. C’est ainsi que l’équipe conceptrice a décidé de planter son intrigue dans l'espace, en s’inspirant des recherches du Laboratoire atmosphères et observations spatiales (Latmos - Univ. Paris- Saclay/CNRS/UVSQ/Sorbonne Univ.).
Une fois le projet validé, « une équipe de la BU a élaboré les énigmes en se basant sur la documentation de la bibliothèque, tandis qu’une autre s’est chargée de créer l’ambiance de la salle et d’emprunter du matériel au Latmos », poursuit la responsable. Résultat : un scénario savamment orchestré au milieu d’équipements scientifiques et d’ouvrages consacrés aux sciences spatiales.
Une heure pour démarrer un accélérateur d’électrons
À la Faculté des sciences de l’Université Paris-Saclay, à Orsay, le succès des escape games inspire aussi les esprits. Dans les sous-sols de l’Institut de chimie-physique (ICP – Univ. Paris-Saclay/CNRS), un ancien laboratoire plonge désormais ses visiteurs et visiteuses dans la peau de scientifiques des années 1980. Leur mission : parvenir à démarrer le plus vite possible le Fébétron, un accélérateur d’électrons aux performances remarquables. « L’objectif était de parler de sciences mais aussi de valoriser le patrimoine scientifique de la faculté de façon plus ludique pour le jeune public », explique Romuald Drot qui a co-conçu l’expérience Mission Fébétron avec Laura Pignon, au sein du service Communication, médiation et patrimoine scientifiques (COMPAS) de la faculté. Le scénario, comme le lieu, n’ont pas été choisis par hasard puisqu’ils sont directement liés aux recherches menées depuis des décennies à l’institut, qui abrite aujourd’hui l’accélérateur d’électrons ELYSE.
De longs mois de travail ont toutefois été nécessaires pour élaborer les énigmes du jeu et ses décors. L’enseignant-chercheur raconte : « Pour les énigmes, nous nous sommes inspirés de nos connaissances et des indices rencontrés dans d’autres jeux. Durant la mission, nous voulions aussi donner l’opportunité de manipuler des instruments scientifiques du patrimoine. » Le mobilier vintage partage ainsi la scène avec d’authentiques instruments, que les apprentis scientifiques doivent actionner pour progresser dans la mission et trouver à temps le fameux bouton du Fébétron. Immersion garantie. Mais on n’en dira pas plus pour préserver la surprise. Ouvert à toutes et tous, l’escape game est régulièrement proposé lors d’événements comme la Fête de la science ou les Journées du patrimoine. Et il n’est pas le seul.
Les jeux du Cube et Mission Fébétron ne sont en effet que quelques exemples des créations ludiques imaginées par les équipes de l’Université Paris-Saclay,ses universités membres-associés, ses établissements et composantes, spécialisées en innovation pédagogique et en médiation des sciences. Alors quelle sera votre prochaine mission ?
En savoir plus :

Cet article est issu de L'Édition n°27.
L'intégralité du journal est à découvrir ici en version numérique et sur Calaméo.
Pour découvrir d'autres articles et sujets, abonnez-vous au journal L'Édition et recevez les prochains numéros :