
Dalida, un dispositif pour signaler les violences, le harcèlement et les discriminations à l'université
Cet article est issu de L'Édition n°26.
Afin de lutter contre les violences sexistes et sexuelles, le harcèlement et toutes les formes de discriminations, l’Université Paris-Saclay a décidé d’élargir son dispositif de signalement. Désormais appelé Dalida (Dispositif d’alerte inclusion – diversité accueillant), il est ouvert à tous les personnels de l’université ainsi qu’à la communauté étudiante.
Depuis la rentrée 2024, la « cellule Harcèlements » de l’Université Paris-Saclay, qui permettait jusqu’ici de signaler notamment des faits de violences sexistes et sexuelles, a laissé place à Dalida, le Dispositif d’alerte inclusion - diversité accueillant de l’université. Au-delà du changement de nom, cette nouvelle dénomination marque également une avancée du dispositif.
Son évolution est liée à la nomination, courant 2024, de Clotilde Coron en tant que vice-présidente Égalité, diversité, inclusion de l’Université Paris-Saclay. En effet, la création de cette vice-présidence s’est accompagnée d’un rapprochement des différentes missions de l’université portant sur l’égalité des chances, l’inclusion des personnes en situation de handicap, la lutte contre les discriminations et les violences sexistes et sexuelles. La mise en réseau des différentes parties prenantes a permis le renforcement du dispositif existant ainsi que son extension à toutes les formes de discriminations, comme l’explique Clotilde Coron : « Il est apparu que dans beaucoup de cas, la situation était croisée : par exemple, de nombreux cas de harcèlement moral ont une dimension sexiste ou sexuelle, ou encore, les personnes en situation de handicap sont malheureusement plus souvent confrontées aux violences sexistes et sexuelles. Il fallait donc élargir la cellule Harcèlements, de manière à que l’on ne se pose pas la question avant de signaler des faits de nature discriminatoire ou en rapport avec des violences sexuelles. »
Désormais, les signalements incluent aussi les faits de harcèlement moral ainsi que toutes les formes de discriminations, qu’elles soient fondées sur le genre, l’orientation sexuelle, la religion, l’appartenance ethnique, sociale, culturelle ou encore le handicap. Le choix d’un nouvel intitulé pour le dispositif répond à cette évolution. « Certaines victimes nous ont rapporté que le terme “cellule“ n’était pas accueillant », justifie Clotilde Coron.
Un dispositif qui a déjà fait ses preuves
L’élargissement du dispositif à toutes les formes de discrimination ne modifie pas le parcours-type des victimes, qui reste très similaire à celui mis en place depuis 2019. Élisabeth Cleme-Rousseau, référente harcèlement et violences sexistes et sexuelles du dispositif, détaille son fonctionnement : « Les victimes peuvent nous contacter par courriel ou via un formulaire anonyme en ligne, en effectuant un signalement circonstancié dans lequel elles précisent quels sont les faits qu’elles souhaitent rapporter ou qui encouragent leur démarche, ou simplement en sollicitant un rendez-vous. Généralement, nous répondons en moins de 24 heures, en proposant un accueil physique, téléphonique ou en visioconférence. »
Ensuite, les référentes du dispositif recensent les faits, afin de les qualifier juridiquement dans une note transmise à la Direction des affaires juridiques et institutionnelles (DAJI) de l’université, qui sera chargée de l’orientation finale du dossier, en réclamant par exemple l’interdiction de l’entrée de l’auteur ou l’autrice des faits dans l’enceinte de l’université, ou la saisine de la section disciplinaire par la Présidence. Si la victime s’y oppose, son signalement restera sans suite, mais sera tout de même archivé si elle change d’avis ou dans le but d’étayer d’autres accusations visant la même personne.
« Après leur signalement, nous continuons à accompagner les victimes, mais en leur laissant le temps, pour éviter de les brusquer », poursuit Élisabeth Cleme-Rousseau. « Il peut arriver que l’on relance la victime, en particulier dans des cas d’urgence, pour lesquels la qualification juridique des faits nécessite des éléments cruciaux. Certaines victimes peuvent toutefois être freinées par les conséquences psychologiques et juridiques qu’entraîne leur signalement, arrive parfois qu’elles ne souhaitent pas poursuivre leurs démarches. Nous respectons alors leur volonté, même si nous les encourageons fortement à aller jusqu’au bout de leur dénonciation. »
Une professionnalisation de l'écoute
L’évolution du dispositif se traduit aussi par sa professionnalisation. Selon Élisabeth Cleme-Rousseau, juriste de profession, la réussite du dispositif repose également sur la confiance que les victimes lui témoignent : « Il est important pour la victime de se confier à une personne formée à l’écoute qui la rassure mais qui soit aussi capable de lui dire la vérité, même si elle est difficile à entendre, en lui vulgarisant le droit. » Les victimes sont ensuite orientées vers des structures de soutien internes ou extérieures, comme le Service de santé étudiante (SSE) de l’université ou la Maison des femmes.
Au-delà du dispositif d’écoute, l’enjeu est également de rappeler le rôle de l’université dans la prévention et le signalement de toutes les formes de discrimination. « L’idée est de dire que la “tolérance zéro“ qui s’appliquait aux violences sexistes et sexuelles est valable pour toutes les autres discriminations », souligne Clotilde Coron. « Toutefois, ce dispositif n’est pas l’alpha et l’oméga de la politique d’égalité, de diversité et de l’inclusion de l’université. Le volet de la prévention est essentiel. L’égalité femmes-hommes, l’inclusion des personnes en situation de handicap, la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les LGBT+phobies doivent aussi être visibles en tant que sujets à part entière. »
Si ce dispositif accueille en majorité des étudiantes et étudiants, il est également ouvert aux membres du personnel administratif et enseignant de l’Université Paris-Saclay, ainsi qu’aux témoins de ces situations. 35 signalements, à l’initiative de la victime, d’un témoin ou d’une association étudiante, ont été recensés entre l’élargissement du dispositif à la rentrée 2024 et janvier 2025. Ces derniers concernent pour moitié les violences sexistes et sexuelles (VSS), qui touchent en particulier les étudiantes et les doctorantes.
En savoir plus :
- sur le dispositif Dalida : https://www.universite-paris-saclay.fr/dispositif-de-signalement-dalida
- sur la lutte contre les violences sexistes et sexuelles à l'Université Paris-Saclay : https://www.universite-paris-saclay.fr/luniversite/diversite-egalite-inclusion-handicap/lutte-contre-les-violences-sexistes-et-sexuelles

Cet article est issu de L'Édition n°26.
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