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Les différences entre un réchauffement planétaire à 1,5°C et à 2°C

Comme Charles Darwin disait « Les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes, ni les plus intelligentes, mais celles qui s’adaptent le mieux aux changements ». L’être humain a prouvé, depuis son origine, qu’il était capable de s’adapter plutôt rapidement à son environnement. Cependant, si aucune action n’est entreprise pour le contrer, le changement climatique pourrait engendrer des conséquences mettant notre capacité d’adaptation à rude épreuve.

Si l’on compare notre époque à l’ère préindustrielle, la température moyenne globale a augmenté d’environ 1°C. La Terre a déjà connu des périodes de réchauffement par le passé. Cependant, la vitesse du changement et les causes principales n’étaient pas les mêmes que pour le réchauffement actuel. Contrairement aux variations climatiques naturelles entre les périodes glaciaires et les périodes interglaciaires, le réchauffement climatique observé durant ces dernières décennies est, lui, principalement provoqué par les activités humaines. Il résulte de l’augmentation de la concentration de certains gaz à effet de serre, dont le plus connu reste le dioxyde de carbone (CO2) et dont l’accroissement actuel est principalement dû à la combustion d’énergie fossile tel que le pétrole.

Au rythme actuel, si les engagements pris lors de la COP (Conférence des parties) 21 à Paris sont respectés par les pays signataires, on atteindrait un réchauffement de 3°C d’ici la fin du siècle. C’est donc un fait : l’être humain va devoir, irrémédiablement, faire face aux nombreux impacts du réchauffement climatique. Quelles seraient alors la portée et l’ampleur de ces effets?

Le GIEC (Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat), qui a pour mission d’évaluer l’état des connaissances scientifiques sur le changement climatique, a publié, en octobre 2018, le rapport spécial « Réchauffement planétaire à 1,5°C », répondant ainsi à l’appel des gouvernements suite à l’Accord de Paris à la COP 21. Cet accord vise à contenir le réchauffement climatique en dessous des 2°C par rapport aux niveaux préindustriels et de le limiter préférentiellement à 1,5°C. Le rapport du GIEC a notamment pour objectif de décrire, sur la base de la littérature scientifique existante, les différences entre les impacts d’un réchauffement global à 1,5°C et ceux à 2°C.  Avant cela, les effets d’un réchauffement modéré, c’est-à-dire de 1,5°C à 2°C, avaient été peu étudiés. La communauté scientifique ayant été très réactive à l’appel du GIEC, de nombreux articles abordant le sujet ont pu être publiés juste à temps pour alimenter le travail d’évaluation. Ce rapport a pu mettre en lumière de potentiels écarts entre les impacts à 1,5°C et à 2°C de réchauffement

Les événements extrêmes climatiques

Une augmentation des températures extrêmes, du nombre de journées caniculaires et des épisodes de sécheresse, que ce soit en fréquence ou en intensité, serait à prévoir. Les fortes précipitations pourraient également être plus courantes.

Lors des journées de canicule :

+3°C pour un réchauffement global de 1,5°C[1]       

+4°C pour un réchauffement global de 2°C[1]                               


[1] Par rapport à la température moyenne à la surface du globe

Conséquences des fortes précipitations :                

+ de terres exposées à des risques de crue à 2°C qu’à 1,5°C de réchauffement planétaire

L'élévation du niveau de la mer

Atteindre un réchauffement global de 2°C au lieu de 1.5°C représenterait 10 cm en plus d’élévation du niveau moyen de la mer d’ici à 2100. Sans mesures d’adaptation, ceci correspondrait à 10 millions de personnes de plus exposés aux risques associés à une montée des eaux tels que les inondations ou encore les dommages sur les infrastructures.

Certaines zones, telles que les régions côtières, les petites îles et les deltas, seraient plus vulnérables que d’autres à la montée du niveau de la mer, laissant moins d’opportunité d’adaptation aux humains et aux écosystèmes.

La cryosphère

La cryosphère, c’est-à-dire l’ensemble de la surface terrestre où l’eau est sous forme solide, serait également touchée par le réchauffement climatique. Les glaces de mer de l’océan Arctique seraient moins impactées par un réchauffement de 1.5°C que de 2°C.

Un seul été arctique sans glace de mer par siècle serait prévu pour 1.5°C de réchauffement contre au moins un par décennie si les 2°C de réchauffement planétaire étaient atteints.

La sécurité alimentaire

Bien qu’à une moindre mesure pour une augmentation à 1.5°C, la baisse des rendements des cultures céréalières provoquées par le réchauffement climatique pourrait empêcher la production d’une quantité suffisante de nourriture pour subvenir aux besoins de l’ensemble de la planète. Le bétail et la pêche marine seraient également affectés par une hausse des températures.

                  À 1,5°C                                                    À 2°C

  Perte de 1.5 millions de tonnes de poissons.         Deux fois plus de perte.

Biodiversité et écosystèmes terrestres

Le changement climatique pourrait affecter de nombreuses espèces, que ce soit des insectes, des plantes ou des vertébrés et en entrainer vers l’extinction. Ces impacts devraient être plus faibles pour un réchauffement à 1,5°C qu’à 2°C. Les feux de forêt, de même que l’expansion d’espèces invasives pourraient également être des conséquences du réchauffement planétaire et pourraient causer des dommages sur la biodiversité et sur les espèces associées.

Les risques d’une transformation d’un écosystème en un autre type sur les terres devraient être deux fois plus bas pour un réchauffement global à 1,5°C qu’à 2°C.

Biodiversité et écosystèmes marins

La perte irréversible de certaines espèces marines est très probable et ce risque accroitrait avec un réchauffement planétaire de 2°C. Par exemple, les récifs coralliens, qui permettent de protéger les côtes, pourraient être amenés à disparaitre si les 2°C de réchauffement global sont atteints. Limiter à 1.5°C, le réchauffement causerait tout de même un déclin de 70 à 90% des récifs coralliens.

Le changement climatique pourrait engendrer un déplacement des espèces marines vers des latitudes plus élevées.

 

Au regard de ces impacts et des nombreux autres qui n’ont pu être mentionné ici, nous ne sommes pas égaux face au changement climatique. Certaines populations et régions du monde sont plus vulnérables que d’autre, à l’image des populations indigènes et des communautés manquant de moyens financiers.

Afin de limiter le réchauffement à 1.5°C, des changements importants et inédits doivent se mettre en place et nos systèmes remis en question à tous les niveaux.

Plus on attend pour agir et prendre des décisions sérieuses et nécessaires, plus nos options d’adaptations seront difficiles à mettre en place et contraignantes.

A quel degré de réchauffement climatique va-t-on donc avoir affaire ? Seul l’avenir et le chemin emprunté par l’Homme le détermineront. Il est bien de mentionner que limiter le réchauffement à 1.5°C est l’un des scénarios le plus optimiste tout en étant encore réalisable, si l’on agit vite.

De nombreux moyens techniques existent pour se rapprocher de cet objectif. Cependant ils ne suffisent pas. Le réchauffement planétaire ne peut être contenu et stabilisé qu’au prix d’un effort collectif, il est donc de notre responsabilité à tous, d’agir et de développer une société qui soit en adéquation avec notre environnement. Limiter le réchauffement est aussi la promesse de reconstruire une société plus équitable et respectueuse de notre environnement.

Si vous souhaitez en savoir plus, je vous invite à lire le résumé à l’attention des décideurs de ce rapport spécial du GIEC via le lien …

Article rédigé et animé par Anouk Chassaing, stagiaire au sein du GIEC