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RODRIGUE ALLODJI, ÉPIDEMIOLOGISTE DES EFFETS SANITAIRES RADIO-INDUITS ET CEUX APRES LA RADIOTHERAPIE, NOMME CHARGÉ DE RECHERCHE DE CLASSE NORMALE (CRCN) AU CESP

Rodrigue Allodji vient d’être nommé Chargé de Recherche de Classe Normale (CRCN) au CESP - Univ. Paris-Saclay, UVSQ, Inserm. Spécialisé en Épidémiologie des effets sanitaires radio-induits et ceux après la radiothérapie, ses travaux visent au développement de modèles de prédiction directement utilisables en clinique pour mieux dépister, traiter et prévenir les complications iatrogènes après cancer par des actions de prévention personnalisées.

La science et la biologie, du Bénin à la France

Né à Duékoué (Cote d’Ivoire), Rodrigue a pu bénéficier tout au long de sa scolarité des bourses d’état pour les élèves les plus méritants. Passionné de sciences et biologie et titulaire d’un diplôme d’ingénieur en imagerie médicale (2003) de l’école polytechnique de l’université d’Abomey Calavi (EPAC) au Bénin, il s’oriente vers les statistiques en santé et obtient deux Diplômes d’Université en statistiques en santé et méthodes de régression en épidémiologie avec l’Institut de santé publique d’épidémiologie et de développement de l’université de Bordeaux. Il obtient en 2007 le master de Méthodologie Statistique en Recherche Biomédicale à l’université Paris-Sud. Son stage de master dans l’équipe ‘Epidémiologie des Radiations’ (CESP – U1018), l’a encouragé à poursuivre une carrière de chercheur sur l’évaluation des effets sur la santé humaine des expositions aux rayonnements ionisants. 

L'épidémiologie des radiations au centre de son parcours

Rodrigue a obtenu une bourse de l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) pour une thèse sur la prise en compte des erreurs de mesure associées à l’exposition au radon chez les mineurs d’uranium au sein du laboratoire d’épidémiologie des rayonnements ionisants (LEPID), sous la direction de D. Laurier chef du LEPID et de J. Bénichou chef de l’unité de Biostatistique et méthodologie du CHU de Rouen. 
Revenu en post-doctorat dans l’équipe ‘Epidémiologie des Radiations’ en 2012, il a ensuite rejoint comme chercheur visiteur l’unité d’épidémiologie du Centre for Childhood Cancer Survivor Studies à l’Université de Birmingham de 2016 à 2020. En 2020, il obtient à l’Université Paris-Saclay son Habilitation à Diriger des Recherches (HDR) avec un mémoire sur l‘Épidémiologie des effets sanitaires radio-induits: Modélisation du risque iatrogène à long terme après un cancer pédiatrique.

Rodrigue a contribué à l’enrichissement de la cohorte CANTO-RT de 3875 femmes traitées par radiothérapie pour un cancer du sein avec une estimation des doses de radiations délivrées au sein et aux organes à risque. Il a également contribué à la mise en place de la plus grande cohorte européenne des anciens patients de cancer de l’enfant (Pancaresurfup ~100 000 sujets de 12 pays européens) et à l’enrichissement de la cohorte française « FCCSS : French childhood cancer survivor study » de 7670 enfants (données de dose au voxel).

Doctorat, post-doc, Nations Unies et Japon

Dans le cadre de son doctorat, ses résultats des recherches sur l’impact de la prise en compte des erreurs de mesure de l’exposition au radon dans la cohorte française des 5086 mineurs d’uranium, ont été en partie repris dans les paragraphes B94 et B95 de l’annexe B du rapport 2012 du comité scientifique des Nations Unies pour l'étude des effets des rayonnements ionisants (UNSCEAR). Durant son post-doctorat, Rodrigue a noué une collaboration avec le département de statistique de la « Radiation Effects Research Foundation » au Japon, pour un travail de recherche méthodologique afin de rendre plus fiable les estimations de risque dérivées des données des survivants des bombardements atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki sur lesquels se basent les normes internationales de radioprotection. Ses résultats ont montré que dans un modèle linéaire, le risque de décès par cancers solides était sous-estimé dans les analyses ‘naïves’.

Une recherche transversale au service de la recherche sur le cancer

Rodrigue a initié une collaboration avec l’unité de Mathématiques et Informatique pour la Complexité et les Systèmes (MICS) de l’école CentraleSupélec, mettant en place un programme de recherche (RadioPrediTool soutenu par l’ITMO Cancer Aviesan) sur l’exploration des méthodes statistiques, de modélisation mathématique et informatique appropriées pour l’analyse des données dosimétriques voxelisées massives pour la prédiction des complications après la radiothérapie. Rodrigue et ses collègues de l’équipe ‘Epidémiologie des Radiations’ ont étudié à la fois les effets iatrogènes cancéreux [seconds cancers : leucémie, thyroïde, rénal, digestifs, seins…] et non cancéreux [cataracte, pathologies cardio-cérébro-vasculaires, problèmes de fertilité, petite taille…] et les séquelles psychologiques, sociales ou les comportements à risque pour la santé dans cette population. Ses recherches actuelles ont pour but de développer des outils directement utilisables en clinique i) pour une aide à la décision pour les choix thérapeutiques personnalisés en radiothérapie moderne et ii) pour mieux dépister les complications iatrogènes des traitements anticancéreux, traiter et prévenir par des actions de prévention personnalisées.