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Entretien avec Patrick Hassenteufel : Les réseaux internationaux et l'IPPA

Patrick Hassenteufel est professeur de science politique au laboratoire Printemps (CNRS, UVSQ), directeur de l'École doctorale Sciences Sociales et Humanités et membre du collège scientifique de l'International Public Policy Association (IPPA).

La Graduate School Sociologie et Science Politique participe à plusieurs réseaux de recherche internationaux et européens dont l'IPPA. A cette occasion, Patrick Hassenteufel a accepté de répondre à nos questions.

 

 


Quand l’IPPA a-t-elle été créée ?

L’IPPA s’est créée en 2014, à la suite de l’organisation, en 2013, de la première International Conference on Public Policy à Grenoble par cinq research committees de l’Association Internationale de science politique portant sur les politiques publiques. Le succès de cette conférence, qui a réuni 900 participant.e.s, a entraîné la création d’une association pour pérenniser l’organisation de l’ICPP, qui a lieu tous les 2 ans avec, à chaque fois, entre 1 000 et 1 500 participant.e.s (la 6ème conférence vient de se tenir à Toronto du 26 au 28 juin 2023). 

 

Quels sont les objectifs de ce réseau ? 

Son objectif principal est l’internationalisation des recherches sur les politiques publiques en favorisant les échanges entre les chercheurs de tout statut - des doctorant.e.s jusqu’au émérites -  au niveau mondial (les conférences ont déjà été organisées dans trois continents : l’Europe, l’Amérique et l’Asie), sans aucune exclusive sur les approches, tant d’un point de vue théorique qu’empirique, et en termes disciplinaires. La sociologie de l’action publique y est, par exemple, pleinement présente. 

Cela passe non seulement par les conférences mais aussi par deux autres types d’activités : les publications et les « seasonal schools ». En ce qui concerne la première, l’IPPA a créé en 2019 une revue en open access, l’International Review of Public Policy ; elle pilote aussi une collection chez Palgrave Mac Millan (l’International Book Series on Public Policy) qui a déjà publié une quinzaine d’ouvrages. 
La deuxième activité concerne les doctorant.e.s et les post-doctorants. Cinq écoles saisonnières d’une durée d’une semaine sont organisées chaque année. Elles comprennent des cours assurés par des chercheurs confirmés et reconnus et des présentations-discussions des recherches menées par les participant.e.s. Ces écoles se sont tenues à Brasilia, dans les Alpes françaises, à Denver, à Padoue et en Afrique subsaharienne.

 

Quel est son mode de fonctionnement ? 

L’IPPA a un statut associatif. L’adhésion est individuelle et ce sont donc les membres qui élisent le collège (qui comprend aussi les représentant.e.s des 65 membres institutionnels de l’IPPA dont la Graduate School Sociologie et Science Politique). Celui-ci élit ensuite les membres du comité exécutif et la présidence de l’association. Les mandats sont de deux ans renouvelables une fois. 
Le caractère large de ces structures et la durée limitée des mandats permet de représenter la diversité des membres de l’association, tant en termes de nationalité que de statut. Lors des conférences est réunie l’Assemblée générale de l’IPPA ; le collège est quant à lui réuni chaque année. L’IPPA comprend aussi une équipe administrative de quatre personnes dirigées par un secrétaire général.  

 

Quelles sont les manifestations scientifiques proposées par l'IPPA et qui peut y participer ?

Outre la conférence bisannuelle, l’IPPA organise les années sans conférence des workshop sessions (IWPP). Alors que les conférences (ICPP) sont organisées en panel, les workshops durent 2 ou 3 jours avec toujours les mêmes participant.es. C’est donc une formule plus intensive qui permet parfois de déboucher sur des publications collectives. 
L’organisation des panels et des workshops est très ouverte : n’importe qui peut en proposer, indépendamment du statut et de l’institution d’appartenance. Une fois les panels ou les workshops retenus par le collège, l’appel à communication est lancé et la sélection est opérée par les responsables du panel ou du workshop. 
La prochaine manifestation scientifique sont les IWPP qui auront lieu à Guadalajara au Mexique fin juin 2024. Le call for workshops sera lancé en septembre puis le call for papers en novembre. Il ne faut vraiment pas hésiter à proposer un workshop, un panel ou un papier car c’est très ouvert et les refus minoritaires. 
Je souligne que pour les doctorant.es et les post-doctorant.es, le fait d’appartenir à une institution membre (ce qui est le cas de la Graduate School) donne droit à un tarif d’inscription réduit tant aux conférences, qu’aux workshops et aux écoles saisonnières. Ils et elles peuvent également participer aux pré-conférences : il s’agit de session de cours de 3 heures proposées par des chercheurs confirmés la veille du début de la conférence. 

 

Quels sont les apports pour la Graduate School et les membres du périmètre ?

La participation aux événements scientifiques de l’IPPA permet tout d’abord de prendre connaissance de travaux parfois assez différents de ce qui est fait en France, ensuite de développer des contacts avec des collègues étrangers, de donner des opportunités de publications à l’international des papiers présentés, de monter des projets de publications et même de recherches collectives. 
Comme c’est un espace scientifique très ouvert, les manifestations de l’IPPA permettent de porter au niveau international des approches plus sociologiques pour analyser les politiques publiques (telles qu’elles sont développées en France). Par ailleurs, l’adhésion institutionnelle de la Graduate School permet d’accroître sa visibilité internationale. De plus, depuis la conférence de cette année à Toronto, une demie journée en amont de la conférence est consacrée à des échanges entre membres du collège sur l’enseignement des politiques publiques afin de l’internationaliser (en favorisant les échanges d’enseignants-chercheurs au sein du réseau) et d’échanger sur les pratiques, en particulier sur la question de l’enseignement par la recherche. Le succès rencontré va conduire à renforcer la prise en compte des enjeux liés à l’enseignement des politiques publiques en master dans le cadre des conférences. 
Pour terminer, je tiens à souligner que ces manifestations scientifiques (j’ai participé à toutes depuis la première en 2013) sont toujours très bien organisées avec, en dehors des panels et des workshops, des sessions plénières permettant de parler des enjeux actuels et émergents de l’analyse des politiques publiques et des moments de convivialité (welcome drink, gala dinner, closing drink…) très agréables et propices aux échanges.