
Séminaire du CHCSC, "Histoire culturelle et littérature des migrants"
Véronique Pauly et Gabrielle Adjerad, Histoire culturelle et littérature des migrants
Véronique Pauly : « De Sam Selvon à Bernardine Evaristo. Evolution de la réception de la littérature de migration en Grande-Bretagne »
Né à Trinidad de parents d’origine indienne, Sam Selvon est souvent qualifié de « père de la littérature noire » en Grande-Bretagne. Associé à une littérature issue de la colonisation, son roman Lonely Londoners, publié en 1956 et écrit dans une langue anglaise créolisée, devient l’emblème d’une production littéraire placée en marge de la littérature britannique dite nationale. Les générations suivantes d’auteurs de la migration, puis de la post-migration, reflètent et accompagnent l’évolution de la société britannique dans sa quête d’identité post-coloniale (on pense notamment à la promotion du multiculturalisme par le New Labour de Tony Blair et Gordon Brown, désormais battu en brèche), et remettent en cause les qualificatifs sous lesquels leurs productions littéraires sont promues, lues et étudiées : « Black British », « Asian British », « postcolonial littérature ». Aujourd’hui, Bernardine Evaristo, qui dans sa fiction ne cesse de rappeler que les migrations ne sont pas un phénomène uniquement issu des décolonisations et de la globalisation (on pense par exemple à son The Emperor’s Babe, 2001), se réclame de la « fusion fiction ». Par ce concept, qui définit la forme privilégiée que prennent ses romans, alliant poésie et prose, Evaristo entend aussi questionner la notion de littérature de migration en mettant en scène des identités fluides, par exemple dans Girl, Woman, Other, qui lui valut le Booker en 2019.
Gabrielle Adjearard
Cette communication se propose de revenir sur l’impact de la législation migratoire de 1965 sur une nouvelle littérature de migration qui émerge alors aux États-Unis, produite par des autrices nées de parents issus d’horizons géographiques élargis. Nous tâcherons d’historiciser les catégories utilisées pour désigner cette littérature contemporaine (« diasporique », « ethnique » ou « multiculturel »). Nous nous intéresserons à la polarisation morale des flux migratoires de femmes et à la manière dont celle-ci peut permettre de lire les formes esthétiques contestataires privilégiées par ces littératures depuis les années 1990.
CHCSC (Salle 524), UVSQ, 47 boulevard Vauban, 78280 GuyancourtVéronique Pauly et Gabrielle Adjerad, Histoire culturelle et littérature des migrants
Véronique Pauly : « De Sam Selvon à Bernardine Evaristo. Evolution de la réception de la littérature de migration en Grande-Bretagne »
Né à Trinidad de parents d’origine indienne, Sam Selvon est souvent qualifié de « père de la littérature noire » en Grande-Bretagne. Associé à une littérature issue de la colonisation, son roman Lonely Londoners, publié en 1956 et écrit dans une langue anglaise créolisée, devient l’emblème d’une production littéraire placée en marge de la littérature britannique dite nationale. Les générations suivantes d’auteurs de la migration, puis de la post-migration, reflètent et accompagnent l’évolution de la société britannique dans sa quête d’identité post-coloniale (on pense notamment à la promotion du multiculturalisme par le New Labour de Tony Blair et Gordon Brown, désormais battu en brèche), et remettent en cause les qualificatifs sous lesquels leurs productions littéraires sont promues, lues et étudiées : « Black British », « Asian British », « postcolonial littérature ». Aujourd’hui, Bernardine Evaristo, qui dans sa fiction ne cesse de rappeler que les migrations ne sont pas un phénomène uniquement issu des décolonisations et de la globalisation (on pense par exemple à son The Emperor’s Babe, 2001), se réclame de la « fusion fiction ». Par ce concept, qui définit la forme privilégiée que prennent ses romans, alliant poésie et prose, Evaristo entend aussi questionner la notion de littérature de migration en mettant en scène des identités fluides, par exemple dans Girl, Woman, Other, qui lui valut le Booker en 2019.
Gabrielle Adjearard
Cette communication se propose de revenir sur l’impact de la législation migratoire de 1965 sur une nouvelle littérature de migration qui émerge alors aux États-Unis, produite par des autrices nées de parents issus d’horizons géographiques élargis. Nous tâcherons d’historiciser les catégories utilisées pour désigner cette littérature contemporaine (« diasporique », « ethnique » ou « multiculturel »). Nous nous intéresserons à la polarisation morale des flux migratoires de femmes et à la manière dont celle-ci peut permettre de lire les formes esthétiques contestataires privilégiées par ces littératures depuis les années 1990.