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Un outil d’étude du SARS-CoV-2 en développement dans l’unité Virologie et immunologie moléculaire

Recherche Article publié le 17 avril 2020 , mis à jour le 17 avril 2020

Le consortium REACTing, comprenant les principales institutions de recherche française et coordonné par l’Inserm, a pour vocation d’organiser la recherche scientifique à la fois en temps d’épidémie et entre les épidémies, afin de mieux s’y préparer. Déjà actif lors des épidémies d’Ebola ou de Zika, il a lancé un appel à projet début 2020 afin de financer des projets visant à lutter contre la pandémie actuelle de Covid-19. Focus sur un des projets sélectionnés, porté par Jean-François Eléouët du laboratoire Virologie et immunologie moléculaire (VIM - Université Paris-Saclay, UVSQ, INRAE) : « Mise au point d’un réplicon pour le coronavirus Covid-19 ».

Étudier en laboratoire de recherche le SARS-CoV-2 – ou coronavirus du syndrome respiratoire aigu sévère 2 – responsable de la pandémie de Covid-19 n’est pas chose aisée : comme tout pathogène, sa manipulation est soumise à des règles strictes en matière de sécurité, afin de protéger les manipulateurs. L’objectif du projet porté par Jean-François Eléouët, pour lequel il a reçu 30 000 euros du ministère, est la mise en place d’un réplicon de ce virus : un génome un peu particulier du virus permettant de l’étudier sans risque. Pour cela, le chercheur a imaginé et fait synthétiser une molécule d’ARN portant l’ensemble de l’information génétique du virus, à l’exception des parties codant pour les protéines de structure du virus (son enveloppe). Après avoir été introduit dans une cellule, ce génome modifié devrait être capable de se répliquer ; mais, en l’absence de protéines d’enveloppe, il sera impossible pour les molécules d’ARN produites de quitter la cellule ! Aucun risque, alors, de produire des particules virales et d’infecter de nouvelles cellules.

 

Le réplicon comme outil de travail pour le plus grand nombre

« Les travaux de recherche sur ce virus pathogène doivent s’effectuer dans un laboratoire de niveau 3, pour lesquels la sécurité est assez élevée. Mais tous les lieux de recherche n’en disposent pas. L'intérêt de notre projet, c'est que des laboratoires qui ne possèdent pas ces installations peuvent utiliser l’outil que nous avons développé, par exemple pour chercher des inhibiteurs du virus », explique Jean-François Eléouët. « Pour imaginer ce réplicon, je me suis basé sur ceux développés lors de l’épidémie de SARS-CoV-1 de 2003 et sur les publications portant sur ce virus. »

 

L’implication d’une équipe spécialisée dans les pneumovirus

Habituellement, l’équipe « Biologie moléculaire des pneumovirus » menée par J.F. Éléouët travaille sur les virus respiratoires responsables des bronchiolites. Ces pneumovirus sont un peu différents des coronavirus : si, dans les deux cas, leur génome est constitué d’ARN, celui des coronavirus est directement traduit en protéines, alors que cette traduction nécessite une étape supplémentaire chez les pneumovirus. « Mis à part cela, ce sont des virus qui se ressemblent sur plusieurs aspects : ils sont tous les deux des virus enveloppés - ils possèdent une membrane -, infectent les cellules épithéliales respiratoires et se répliquent dans le cytoplasme de la cellule », précise le chercheur.

 

La recherche au temps du coronavirus : une temporalité bouleversée

En cette période de crise, la rapidité de dépôt et d’évaluation des projets de recherche soumis est proprement inédite. « Tout a été accéléré et simplifié, à tous les niveaux. C'est la première fois qu'on voit ça », confie Jean-François Éléouët. « Mais il ne faudrait pas que tout l'argent réservé à la recherche passe sur le Covid-19 et empêche de développer d'autres projets importants », tempère le chercheur. Lui-même veille à ce que les autres projets de son équipe continuent à avancer.

Le travail sur le réplicon commandé par Jean-François Éléouët devrait démarrer d’ici la fin du mois. Il permettra de savoir si cet outil est généralisable, et dans ce cas, de mener différents projets pour mieux comprendre et lutter contre le virus SARS-CoV-2.