Théâtre : entre spectacles et ateliers, le rideau se lève sur les campus

Des ombres chinoises se dessinent sur la toile de la tente installée sur scène. Soudain, l’un de ses coins s’entrouvre, un homme y glisse sa tête. « Connaissez-vous le nanisme insulaire ? », interroge-t-il. C’est le début d’une folle histoire. Celle d’une femelle mammouth échappée d’une paroi rupestre et réfugiée sur le t-shirt d’un visiteur de passage. S’en suit un dialogue insolite convoquant des créatures aussi incroyables que des éléphants nains ou un ours arborant des bois de cerf. Ce jeudi soir, la Scène de recherche affiche presque complet pour assister à la création de l’artiste Alexis Fichet. C’est un nouveau succès pour cette scène de spectacle nichée au cœur de l’ENS Paris-Saclay, à Gif-sur-Yvette.

Inaugurée en 2020, la Scène de recherche s’apprête à clôturer sa quatrième saison, avec une participation record. « Depuis septembre 2024, nous avons eu plus de 4 900 spectateurs et spectatrices », se réjouit Gaëlle Hilaire, responsable des publics et de la communication. Parmi eux, des étudiantes et étudiants, des chercheurs et chercheuses, des personnels de l’Université Paris-Saclay, de même que des personnes extérieures, y compris des familles. « Notre objectif est d’être le plus accessible possible. Tous nos spectacles sont d’ailleurs gratuits pour les étudiantes et étudiants. »

Faire le lien entre les arts et les sciences

Pour cette saison 2024-2025, pas moins de vingt-cinq spectacles ont été proposés à la Scène de recherche, principalement du théâtre, mais aussi du cirque, de la magie et de la danse. « Notre programmation est pluridisciplinaire mais nous avons une spécificité », précise Gaëlle Hilaire. « Celle de toujours proposer, dans les spectacles, un lien entre les arts et les sciences au sens large. Cela peut être de la physique, de la biologie, de la sociologie ou de l’histoire. Le but est que ce soit artistique, divertissant mais qu’on y apprenne quand même des choses. » Le spectacle d’Alexis Fichet, Les cyclopes étaient des éléphants nains, en livre un bel exemple. 

La pièce Gilles ou qu’est-ce qu’un samouraï ? créée par Margaux Eskenazi et présentée en janvier dernier, en est un autre. Elle est la première pièce sélectionnée par le comité de programmation de la Scène de recherche, composé d’étudiantes et étudiants, de chercheurs et chercheuses et de personnels de l’Université Paris-Saclay. Ce comité est chargé de voir plusieurs spectacles en Île-de-France pour choisir celui qui figurera dans la prochaine programmation. Pour la saison 2025-2026, le choix s’est porté sur Tchoko, une pièce de Ludmilla Dabo et Olivia Mabounga mettant en scène une jeune fille noire souhaitant éclaircir sa peau.

La Scène de recherche n’offre pas qu’une scène aux artistes. Elle encourage aussi la création en co-produisant des projets ou en accueillant des compagnies en résidence. Depuis l’été dernier, onze compagnies ont profité du lieu et de son équipe pour préparer leur prochaine œuvre. Et cinq d’entre elles ont présenté leur travail au public, notamment au cours des Festins du mardi midi. Ce rendez-vous gratuit et organisé un mardi par mois invite à assister à un spectacle de trente minutes suivi d’une rencontre et d’un buffet.

Toutes et tous en scène !

Inutile toutefois d’être un ou une artiste professionnelle pour monter sur les planches. Pour encourager les talents, la Scène de recherche a créé sa propre troupe de théâtre, la Nouvelle troupe du plateau de Saclay, composée d’étudiantes et étudiants de l’université. Sous la direction de la metteuse en scène Julie Timmerman, ces jeunes artistes ont, en mars dernier, interprété une pièce inspirée de l’ouvrage Les Héritiers de Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron. « Nous avons eu de très bons retours sur ce spectacle », se réjouit Gaëlle Hilaire. « Et nous préparons déjà ce que la troupe présentera l’année prochaine. » L'atelier théâtral, qui a lieu de septembre à mars, est gratuit et ouvert à toute la communauté étudiante.

Au sein de l’université, plusieurs associations étudiantes proposent aussi de développer ses talents de comédien et comédienne. C’est le cas de l’AZTEC Théâtre de la Faculté de pharmacie de l’Université Paris-Saclay, du club Didascal[ENS] de l’ENS Paris-Saclay, du club Gueules des bois de CentraleSupélec ou encore de la troupe de théâtre de l’IUT d’Orsay. Chaque année, il est possible de découvrir le fruit de leur travail à travers un ou plusieurs spectacles. En mars et avril dernier, la troupe de l’IUT d’Orsay, par exemple, a donné quatre représentations, dont une à la Scène de recherche, de son spectacle de l’année, AIR, la comédie musicale. Le club des Gueules de bois a lui monté plusieurs pièces, dont certaines ont été dévoilées au Théâtre Rousseau de CentraleSupélec.

Le théâtre d’improvisation a aussi sa place à l’Université Paris-Saclay. Il fait même partie des ateliers culturels proposés par la Diagonale – la direction arts, culture, sciences et société de l’université. Accessible à tous et toutes, l’atelier vise à découvrir les outils et techniques de l’improvisation théâtrale pour travailler son expression orale. Mais il existe aussi des associations étudiantes telles que la TIPS (Troupe d'improvisation de Paris-Saclay) basée dans le campus vallée, à Orsay, ou la LIKA (Ligue d'improvisation kachanaise) de l’ENS Paris-Saclay, qui organisent régulièrement des spectacles et des matchs d’improvisation. L’offre est là, il n’y a plus qu’à se lancer : prêt pour une prochaine sortie au théâtre ou un premier cours d’impro ?

En savoir plus :

• Sur la programmation de la Scène de recherche et ses activités : https://scenederecherche.ens-paris-saclay.fr/
  La présentation de la saison 2025/2026 de la Scène de recherche aura lieu le 16 septembre 2025.
• Sur les ateliers culturels proposés par la Diagonale
• Sur tous les ateliers et événements en lien avec le théâtre à l'Université Paris-Saclay