Sept projets portés par la communauté de l’Université Paris-Saclay lauréats des ERC Starting Grants 2025
Jeudi 4 septembre, le Conseil européen de la recherche (ERC) a publié le nom des récipiendaires des bourses « Starting » 2025 ; sept sont issus des rangs de la communauté de l’Université Paris-Saclay.
Depuis leur lancement en 2007, les bourses « Starting » soutiennent, avec un budget de 1.5 million d’euros sur une durée maximale de 5 ans, des projets de recherche exploratoire de jeunes scientifiques européens ayant soutenu leur doctorat depuis 2 à 7 ans. Cette année, 478 projets ont été sélectionnés, pour un montant total de 761 millions d’euros.
L’Université Paris-Saclay est fière de compter dans ses rangs sept lauréats et lauréates du cru 2025 :
- Lucile Anthore-Dalion et son projet DECAF : Lucile Anthore-Dalion, chercheuse CNRS au Laboratoire de chimie moléculaire et catalyse pour l'énergie (LCMCE/Nimbe – Univ. Paris-Saclay/CEA/CNRS), est spécialiste du développement de nouvelles réactions des oxydes d'azote (protoxyde d'azote, nitrates, nitrites, etc.) et de la liaison azote/oxygène, permettant d'imaginer et de fabriquer de manière, plus simple et plus économique, de nouvelles molécules. Elle a reçu une bourse « Starting » pour son projet DECAF, Carboxylic esters as bifunctional reagents in decarboxylative cross-coupling reactions and alkene functionalizations.
Les réactions de couplage croisé catalysées par des métaux de transition ont transformé la formation de liaisons carbone-carbone dans les molécules organiques complexes, révolutionnant des domaines tels que l’industrie pharmaceutique, la synthèse de produits naturels ou celle des polymères. Malgré leurs nombreuses applications, ces réactions dépendent fortement de réactifs organométalliques qui nécessitent plusieurs étapes de préparation et manquent souvent de stabilité. « DECAF » a pour objectif de mimer ces réactions en utilisant comme point de départ les esters carboxyliques qui sont stables, facilement accessibles par condensation d’un alcool avec un acide carboxylique, et potentiellement biosourcés. Ainsi, dans ce projet, les deux parties carbonées des esters joueront le rôle des deux partenaires de couplage par simple extrusion d’une molécule de CO2. La clé de voûte du projet est le design rationnel du système catalytique permettant de rompre sélectivement les liaisons C–O et C–C fortes et d’effectuer la recombinaison. Ce projet fournira donc les outils chimiques pour détourner la réactivité classique des esters, et en particulier casser des liaisons fortes. À terme, les nouvelles réactions développées dans « DECAF » permettront de synthétiser de manière plus durable des molécules organiques, essentielles dans notre quotidien.
- Sandrine Codis et son projet COLIBRI : Sandrine Codis, chercheuse CNRS au Laboratoire Astrophysique Instrumentation Modelisation (AIM – Univ. Paris-Saclay/Paris-Cité/CEA/CNRS), est spécialiste de la modélisation des grandes structures de l’univers par le biais de calculs analytiques et de simulations théoriques. Elle a reçu une bourse « Starting » pour son projet COLIBRI, Cosmic non-linearities : Impact of baryons on cosmological inference with modern galaxy surveys.
La cosmologie entre dans une nouvelle ère avec des relevés révolutionnaires visant notamment à cartographier la matière noire et à déterminer la nature de l'énergie noire. Cependant, les observables sont toujours liés à la matière « visible » (baryons), qui est un traceur biaisé de la matière noire. Les baryons ne suivent pas passivement l'assemblage des structures de matière noire, ils rétroagissent sur ces dernières et ont donc un impact significatif sur les observations cosmologiques. Le projet COLIBRI porté par Sandrine Codis propose de contrôler de manière robuste l'effet des baryons sur l'analyse des grands relevés de galaxies grâce à i) de nouveaux cadres théoriques permettant de saisir efficacement l'information cosmologique aux échelles faiblement non linéaires affectées par les baryons et ii) de nouvelles simulations hydrodynamiques résolvant avec précision la physique baryonique à l'intérieur de volumes sans précédent, rendues possibles par des techniques de simulation innovantes et l'évolution des ressources informatiques en Europe à l'ère de l'exascale. Ces simulations et schémas théoriques permettront ainsi une caractérisation robuste des baryons aux échelles cosmologiques, afin de tirer le meilleur parti des riches ensembles de données qui seront observés dans le futur, en particulier par le télescope spatial Euclid.
- Émilien Fargues et son projet POSTCOLCIT : Émilien Fargues, post-doctorant au Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (CESDIP – Univ. Paris-Saclay/UVSQ/Univ. Cergy-Pontoise/CNRS/Ministère de la justice), dont les recherches se situent à l’interface entre analyse des politiques publiques et sociologie du droit, avec un accent particulier sur les politiques de citoyenneté dans les contextes postcoloniaux. Il a reçu une bourse « Starting » pour son projet POSTCOLCIT, Postcolonial perspectives on citizenship and belonging in former European colonial powers.
Plus d’informations à venir.
- Isabella Boventer et son projet ARXIMEDES : Isabella Boventer, ingénieure de recherche THALES au Laboratoire Albert Fert (LAF – Univ. Paris-Saclay/Thales/CNRS), est spécialiste de la magnonique des oxydes et dispositifs quantiques. Elle a reçu une bourse « Starting » pour son projet ARXIMEDES, A new platform for exploring magnonics interfaced with ultracoid neutral atoms for quantum information.
Plus d’informations à venir.
- James O’Sullivan et son projet nQUICHE : James O’Sullivan, chercheur CEA au sein du groupe Quantronique du Service de physique de l'état condensé (DRF/Iramis/Spec – Univ. Paris-Saclay/CEA/CNRS), est spécialiste du couplage de résonateurs supraconducteurs à des ensembles de spins pour la création d’une mémoire quantique. Il a reçu une bourse « Starting » pour son projet nQUICHE, Nuclear quantum information processing controlled via hyperfine interaction with electrons.
Plus d’informations à venir.
- Julio Parra Martinez et son projet GravitaS : Julio Parra Martinez, physicien théorique à l’Institut des Hautes Études Scientifiques – Université Paris-Saclay (IHES), est spécialiste de la théorie quantique des champs, des amplitudes de diffusion, de la gravitation, des théories de champs effectives et de la théorie des cordes. Il a reçu une bourse « Starting » pour son projet GravitaS, The gravitational S-matrix: from theory to experiment.
L'un des grands défis de la physique des ondes gravitationnelles consiste à calculer la dynamique et les signaux provenant des « spirales à rapport de masse extrême » ou EMRI. Un exemple de tel signal est le rayonnement gravitationnel (c'est-à-dire les ondulations dans l'espace et le temps) émis par une étoile compacte ou un trou noir en orbite et tournant en spirale vers le trou noir supermassif au centre de notre galaxie. Ce type de système sera l'une des principales sources pour les futurs détecteurs d'ondes gravitationnelles spatiaux, tels que le projet LISA, que l'Agence spatiale européenne (ESA) mettra en orbite dans une dizaine d'années. En principe, la théorie de la relativité générale d'Einstein prédit les signaux provenant des EMRI mais, dans la pratique, il est très difficile d'extraire des prédictions de la théorie. La raison en est que ces systèmes présentent à la fois des champs gravitationnels incroyablement puissants et des vitesses extrêmement rapides (proches de la vitesse de la lumière), de sorte que même les superordinateurs les plus puissants ne peuvent résoudre les équations. Cependant, ce qui rend ces systèmes difficiles à comprendre les rend également passionnants, car ils ouvriront une fenêtre sur la physique gravitationnelle que nous n'avons jamais explorée auparavant, tant sur le plan théorique qu'expérimental. Le projet GravitaS vise donc à s’attaquer directement à ce problème en combinant des idées issues de la physique des particules et de la théorie classique des champs relativistes.
- Natalia Porqueres et son projet OCAPi : Natalia Porqueres, chercheuse CEA au sein de l’équipe Cosmostat du Département d'astrophysique/Astrophysique, anstrumentation et modélisation de Paris-Saclay (DAP/AIM – Univ. Paris-Saclay/CEA/CNRS/Univ. Paris-Cité), est spécialiste des nouvelles techniques d'analyse des données pour les relevés cosmologiques. Elle a reçu une bourse « Starting » pour son projet OCAPi, Optimal cosmological analysis at the pixel level.
Le modèle cosmologique standard parvient à expliquer un large éventail d'observations, mais il repose sur deux composantes que nous ne comprenons toujours pas : la matière noire et l'énergie noire. Afin d'étudier leur nature, la mission Euclid et l'observatoire Vera C. Rubin ont pour objectif de mesurer les positions et les formes de milliards de galaxies. Les formes apparentes des galaxies sont légèrement déformées par la gravité des structures cosmiques, un effet connu sous le nom de lentille gravitationnelle faible. Il s'agit de l'exploration cosmologique la plus prometteuse de la prochaine décennie qui, combinée à la précision sans précédent d'Euclid et de Rubin, pourrait révolutionner notre compréhension de l'Univers. Cependant, pour exploiter pleinement le potentiel de ces ensembles de données, il faudra recourir à des techniques d'analyse très précises et exactes. Le projet OCAPi vise donc à développer des méthodes de pointe pour exploiter de manière optimale les données de lentille gravitationnelle faible et fournir les contraintes les plus précises sur les paramètres cosmologiques à partir des données d'Euclid. Contrairement aux analyses standard, qui compressent les données et entraînent inévitablement une perte d'informations, OCAPi analysera les cartes de lentille pixel par pixel, sans aucune compression des données. Cela garantira la capture de toutes les informations contenues dans les données, maximisant ainsi la précision et renforçant la capacité à distinguer les signaux cosmologiques des effets systématiques. Cette approche fournira également des cartes probabilistes de la distribution de la matière à différents moments cosmiques, rendant la matière noire visible et ouvrant une nouvelle voie pour tester la physique à l'aide des structures à grande échelle de l'Univers. En maximisant le rendement scientifique de l'un des ensembles de données les plus puissants dont disposera la cosmologie pendant des décennies, OCAPi fera progresser notre compréhension de l'énergie noire et fournira un jumeau numérique de l'Univers pour étudier la formation et l'évolution des structures cosmiques.