Rencontre avec Laura Vazquez, prix Goncourt de la poésie (2023) organisée par les étudiant·es du master RCL - 25/11/2025

Cette rencontre, animée par Pierre Boussion et Thomas Gruel, a permis d'explorer les enjeux qui traversent l'œuvre et la démarche d’écriture de Laura Vazquez.

Celle-ci a d'abord évoqué son rapport à la langue. Marquée dès l'enfance par le babil, une forme de langage sonore et rythmée, elle s'est longtemps tournée vers la poésie, qu'elle associe à une grande justesse. Le passage au roman a été pour elle un véritable acte de foi.

Elle affirme naviguer librement entre les genres et voit dans le théâtre un espace de souffle et de mouvement proche de la poésie. L'autrice a également expliqué son travail autour de ses rêves, qu'elle publie chaque mois sur son site. Elle ne considère pas ses rêves comme un matériau littéraire, mais comme une trace, un espace dans lequel tout est accepté sans jugement, proche de l'état dans lequel elle écrit.

Le roman Les Forces est décrit comme un monologue intérieur porté par une jeune femme en rupture avec l'ordre social. Le récit est structuré autour d'un manifeste initial, puis évolue vers un univers plus étrange et plus souple. Le concept de « la Tare » y occupe une place centrale : il désigne une souffrance, liée aux attentes envers les autres ou envers la société.

Parmi ses influences, Laura Vazquez cite Kafka, dont la présence l'accompagne quotidiennement. Elle explique ne pas avoir eu de mentor et affirme que ses personnages et ses idées se construisent naturellement au fil de l'écriture.

Elle a également décrit sa méthode de travail : dans un premier temps, un ensemble de notes, puis un plan qu’elle s'autorise à ne pas suivre. Enfin de nombreuses relectures, qu'elle interrompt dès qu'elle sent que le jugement intérieur risque d’abîmer son texte. L'écriture, selon elle, consiste avant tout à écouter la forme juste. Dans Les Forces, des citations sont intégrées au texte (dont les auteurs sont indiqués dans la marge, ce qui rappelle la pratique du marginalium). Laura Vazquez précise que cette idée vient de ses éditeurs. Elle a aussi évoqué son intérêt pour les textes religieux, les croyances et les communautés spirituelles, qu'elle considère comme d'autres manières d'interpréter le réel.

Laura Vazquez a partagé sa vision de l'intelligence artificielle : si elle l'utilise pour produire des déformations linguistiques intéressantes, elle estime que l'IA n'a pas la capacité créative propre à la littérature. Elle a conclu en donnant deux conseils aux jeunes écrivain·es : lire abondamment et écrire régulièrement, même quelques minutes par jour.

Photos : Laura Vazquez, Pierre Boussion et Thomas Gruel

© Laetitia Prate