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"Notre rôle en tant qu’établissement scientifique est aussi de veiller à ce que nos productions soient accessibles à tous, librement et gratuitement"

Recherche Article publié le 21 octobre 2022

A l’occasion de l’Open Science Month de l’Université Paris-Saclay, organisé du 4 au 28 octobre 2022, la Présidente de l’Université, Estelle Iacona, répond à nos questions sur la science ouverte.

Pour vous, qu’est-ce que la science ouverte ?

La science ouverte, c’est d’abord la conviction que la connaissance scientifique doit pouvoir circuler sans entrave. Notre rôle en tant qu’établissement scientifique n’est pas seulement de produire des connaissances. Il est aussi de veiller à ce que ces productions scientifiques puissent être accessibles à tous, librement et gratuitement, dans toute la diversité qu’elles recouvrent. La science ouverte va maintenant bien au-delà de l’ouverture des publications, et englobe l’ouverture des données, des codes sources, et plus généralement des méthodes de la recherche. Cette ouverture est fondamentale pour favoriser la diffusion des résultats, développer de nouvelles perspectives de collaborations et accroître la confiance de la société en la science.

La science ouverte est portée par des politiques européennes et nationales. Comment l’Université Paris-Saclay s’inscrit-elle dans ce mouvement ?

La science ouverte figure dans le décret de création de l’Université. Le sujet est porté à haut niveau dans l’Université avec, au sein de notre vice-présidence recherche, un vice-président adjoint pour la science ouverte. Ouvrir la science induit une transformation des pratiques qu’il est nécessaire de soutenir avec des engagements forts. Nous venons de publier en juin 2022 notre « document unique de la science ouverte » qui est à la fois un état des lieux et un plan d’action. Ce document s’inscrit en cohérence avec les objectifs de science ouverte de l’Union Européenne, dont le Conseil européen a réaffirmé l’importance le 10 juin dernier. Nous suivons aussi les lignes directrices de la ligue des Universités européennes de recherche (LERU), dont l’Université Paris-Saclay est membre, ainsi que les objectifs du deuxième plan national pour la science ouverte du ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche.

Pouvez-vous nous en dire plus sur ce document unique de la science ouverte qui vient d’être dévoilé ?

Notre action pour la science ouverte s’organise en huit objectifs, qui reprennent les huit piliers de la commission européenne pour la science ouverte. Nous voulons structurer une politique globale sur ce sujet, depuis les publications en accès libre jusqu’à la « FAIRisation » des données, en passant par le soutien à l’édition ouverte, les liens avec l’intégrité scientifique ou les sciences participatives. En écho avec le thème des journées européennes de la science ouverte organisées à Paris en février 2022, nous y abordons le sujet de la reconnaissance de ces pratiques dans l’évaluation de la recherche. Nous souhaitons apporter notre part à la réflexion sur ces évolutions car, si l’on souhaite franchir un cap, il est nécessaire que les pratiques de science ouverte soient davantage valorisées. Le document unique de la science ouverte a été préparé avec l’appui du comité de pilotage de la science ouverte de l’Université qui représente l’Université Paris-Saclay dans son périmètre élargi, en y incluant des membres issus de ses établissements composantes et des deux Universités membres associées que sont Versailles Saint-Quentin et Évry. Notre Direction des bibliothèques, de l’information et de la science ouverte coordonne le déploiement de notre feuille de route et déploie son expertise pour sensibiliser nos communautés scientifiques à ces objectifs et les accompagner avec des services ad hoc.

Le document comporte de nombreuses actions dans différents domaines. Pouvez-vous nous présenter un point clef qui illustre selon vous l’ambition de l’Université Paris-Saclay en matière de science ouverte ?

Notre premier objectif est d’aller rapidement vers 100% de publications en libre-accès. Le portail HAL de l’Université Paris-Saclay est la vitrine de la production scientifique de l’Université. Il a été ouvert en janvier 2022 et regroupe déjà plus de 150 000 publications. C’est un bon début ! Mais l’objectif est d’aller encore plus loin, en s’assurant que les 15 000 publications annuelles de l’Université y seront déposées dès leur parution, ou après la période d’embargo que peuvent imposer certains éditeurs. Nous devons aussi jouer le jeu du libre accès, en déposant des publications des années précédentes qui ne seraient pas encore ouvertes. Pour cela l’Université a lancé « BiblioHAL », une application capable d’identifier automatiquement les publications signées par nos chercheurs. BiblioHAL fait ensuite le lien avec notre portail HAL pour y transférer facilement les publications. Ce nouveau service, ouvert à nos 15 000 chercheurs, enseignants-chercheurs, ingénieurs et doctorants illustre l’esprit dans lequel nous souhaitons mener cette transition vers la science ouverte : avoir des objectifs collectifs ambitieux mais qui se traduisent par des services et une amélioration dans le quotidien de la recherche.

Au-delà du service que vous citez, que conseille l’Université Paris-Saclay à ses chercheurs pour mettre en œuvre ces principes et comment les accompagne-t-elle ?

Notre objectif est que chaque chercheur qui le souhaite trouve un accompagnement en matière de science ouverte, directement auprès des contacts identifiés dans son unité de recherche, ou via le guichet unique de la science ouverte mis en place pour l’ensemble de nos 275 laboratoires de recherche.  Une de nos actions prioritaires est le déploiement d’une culture de la gestion des données de recherche : nous souhaitons former l’ensemble de nos doctorants à ces enjeux. Des communautés ciblées vont également dans un premier temps bénéficier d’un accompagnement de proximité. Nous soutenons aussi les infrastructures nécessaires à la mise en œuvre effective de la science ouverte. Des services liés aux données de la recherche sont par ailleurs en train de se structurer à travers le mésocentre (datacentre) de l’Université. Toujours sur le sujet des données, nous faisons partie des Universités en voie de labellisation « ateliers de la donnée » par le ministère, afin d’accompagner au mieux nos communautés à déposer leurs données dans Recherche Data Gouv, le futur entrepôt national des données de la recherche. Les bonnes pratiques en matière de science ouverte sont maintenant connues, et nous les encourageons en sensibilisant nos communautés. Par exemple, il convient d’éviter de publier dans une revue hybride, qui fait payer à la fois des frais de publications (APC) et un abonnement pour y avoir accès. Les données que nous produisons doivent être FAIR (faciles à trouver, accessibles, réutilisables, interopérables) et nous devons généraliser l’usage du plan de gestion de données. Je suis convaincue que la science ouverte est un changement de paradigme qui permet d’ouvrir de nouvelles perspectives scientifiques, mais aussi de développer pour et avec les communautés des outils pensés pour soutenir une recherche ambitieuse.

Sur qui l’Université s’appuie-t-elle pour mettre en œuvre ce changement de paradigme ?

Cette science ouverte vit déjà au sein de l'Université avec notre vice-président adjoint, Etienne Augé qui en porte la ligne politique au sein de la vice-présidence recherche. La Direction des bibliothèques, de l'information et de la science ouverte déploie de manière opérationnelle les services, coordonnant des acteurs des directions des bibliothèques, de la documentation ou de la recherche au sein des établissements-composantes, universités membres associées et organismes. Enfin, les laboratoires et Graduate Schools sont acteurs de cette politique, participant activement au comité de pilotage de la science ouverte de l'Université et relayant les services et initiatives. Je tiens à remercier toutes ces équipes qui s'impliquent et qui permettent peu à peu d'amorcer ce tournant.