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Les espèces invasives : une menace majeure sous-estimée

Recherche Article publié le 21 septembre 2023 , mis à jour le 25 septembre 2023

Les espèces exotiques envahissantes représentent une grave menace mondiale souvent méconnue et largement sous-estimée. Tel est le constat alarmant que viennent de dresser les experts internationaux de l'IPBES (Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services) dans leur dernier rapport dont Franck Courchamp, directeur de recherche au Laboratoire Ecologie Systématique Evolution (ESE- CNRS / Univ. Paris-Saclay, AgroParisTech) est l’un des co-auteurs.

C’est l’évaluation la plus complète jamais réalisée sur les espèces exotiques envahissantes dans le monde. Depuis 2019, 86 experts de 49 pays différents ont analysé près de 13 000 références dont des contributions importantes des peuples autochtones et des communautés locales. Approuvé par les représentants des 143 États membres de l'IPBES (Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services) le nouveau rapport qu’ils viennent de publier révèle que les espèces exotiques envahissantes jouent un rôle majeur dans 60 % des extinctions de plantes et d'animaux sur la planète et les coûts annuels qui découlent des dommages causés directement ou indirectement dépassent les 423 milliards de dollars.

Les experts de l’IPBES ont recensé plus de 37 000 espèces exotiques qui ont été introduites ces dernières décennies par de nombreuses activités humaines dans des régions du monde entier. Si toutes ne sont pas envahissantes et parviennent à s’intégrer dans leur milieu naturel sans l’altérer, ce n’est pas le cas de quelques 3 500 espèces considérées comme nuisibles et qui constituent une menace mondiale majeure pour la nature, les économies, la sécurité alimentaire et la santé humaine.

Les dommages causés sont de natures diverses. Ces espèces envahissantes peuvent par exemple avoir un impact dommageable sur les ressources alimentaires des populations locales. La qualité de vie des populations peut également être en jeu avec des conséquences néfastes sur la santé. C’est notamment le cas pour certaines maladies telles que le paludisme, le Zika et la fièvre du Nil occidental dont la propagation est accélérée par des espèces de moustiques exotiques envahissantes telles que l’Aedes albopictus et l’Aedes aegyptii.

Les scientifiques soulignent que les mesures mises en place pour relever ces défis sont généralement insuffisantes. Si 80 % des pays ont des cibles liées à la gestion des espèces exotiques envahissantes dans leurs plans nationaux pour la biodiversité, seuls 17 % d’entre eux disposent de lois ou de réglementations nationales traitant spécifiquement de ces questions. Cela augmente également le risque d’espèces exotiques envahissantes pour les États voisins. Le rapport constate que 45 % des pays n’investissent pas dans la gestion des invasions biologiques.

Sur une note plus positive, le rapport souligne que les futures invasions biologiques, les espèces exotiques envahissantes et leurs impacts, pourraient être évités grâce à des approches de gestion efficaces et à des approches plus intégrées.

Contact : Franck Courchamp – Laboratoire Ecologie Systématique Evolution (ESE- CNRS / Univ. Paris-Saclay) – franck.courchamp@universite-paris-saclay.fr
Plus d’infos : Site web de l’IPBES