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Lancement du cycle de Webinaires "Covid-19 : quel développement soutenable pour demain ?"

Développement soutenable Article publié le 04 juin 2020 , mis à jour le 15 janvier 2021

Première session : Biodiversité et climat : l'urgence !

Dans le cadre de la mobilisation actuelle et des réflexions collectives que suscite la pandémie de Covid-19, une série de webinaires organisés par l’Université Paris-Saclay donneront la parole à de nombreux experts de l’Université avec lesquels vous pourrez échanger sur le thème « Covid -19 : quel développement soutenable pour demain? ». Elaborés en collaboration avec le média en ligne The Conversation et l’Agence universitaire de la Francophonie, ces webinaires auront pour but de croiser les disciplines et les expériences, de manière à éclairer les multiples aspects de cette crise sanitaire à l’aune des enjeux environnementaux. Le premier rendez-vous de cette série se déroule le mardi 9 juin à 14h. Connectez-vous avec nous !

Biodiversité et climat : l’urgence, un thème fort qui résonne éminemment avec la crise sanitaire actuelle. C’est pourquoi ce thème a été choisi pour ouvrir cette série de webinaires participatifs sur le développement soutenable. Autour des micros seront réunis Valérie Masson-Delmotte, co-présidente du groupe no 1 du GIEC depuis 2015 et climatologue au laboratoire des sciences du climat et de l'environnement  (LSCE - Université Paris-Saclay, CNRS, CEA, UVSQ); Anne Charlotte Vaissière, économiste écologique au laboratoire écologie systématique et évolution (ESE - Université Paris-Saclay, CNRS, AgroParisTech) ; Laurent Fonbaustier, juriste de l’environnement et professeur de droit à l'Institut d'études de droit public (IEDP - Université Paris-Saclay), et Mateo Cordier, économiste au laboratoire cultures, environnements, arctique, représentations, climat (CEARC - Université Paris-Saclay, UVSQ). Ces quatre experts seront en direct pour discuter et soulever des questionnements essentiels aux problématiques environnementales. Une occasion unique d’en apprendre plus et de réfléchir aux actions concrètes à mettre en place dans une société qui a plus que besoin d’un développement soutenable. Petit avant-goût des discussions à venir.

La crise du Covid-19, un électrochoc pour le développement soutenable

Avec le confinement généralisé d’une partie de la population mondiale, le temps a semblé s’être arrêté sur Terre, provoquant une diminution de 5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. « On remarque que les mesures prises pour se protéger du Covid-19 nous ont conduits à une décélération de la croissance. Pour la première fois, nous sommes dans les clous de nos engagements nationaux, européens et internationaux, sur beaucoup de sujets liés à l’environnement », souligne Laurent Fonbaustier.

Valérie Masson-Delmotte opine, mais relativise aussitôt : « C'est spectaculaire effectivement, mais ça n'aura pas d'effet significatif sur l'évolution du climat si les plans de relance ciblent les secteurs polluants. Donc après des baisses temporaires, cela risque de repartir à la hausse, comme après la crise de 2008-2009… »

Anne-Charlotte Vassière abonde : « c’est pour cela qu’il serait intéressant d’analyser les conséquences des modes de gestion de la crise engendrée par le Covid-19 sur les politiques de protection de la biodiversité et sur le comportement des acteurs envers ces enjeux de conservation. Il faudrait notamment comprendre si ces changements ne portent que sur la phase de confinement global inédit ou s’ils provoquent des changements de comportement plus durables. »

« Le problème, ajoute Laurent Fonbaustier, c’est que l’on peut faire de l'économie circulaire tant qu'on veut, la croissance devenue constante et la démographie galopante font que ce n'est plus envisageable. Il faut réduire drastiquement, arrêter d’inventer des besoins qui n’en sont pas, pour le privilège des uns et l’agonie des autres. Plus le temps passe, moins on est dans les clous et plus la réduction se devra d’être massive. »

Matéo Cordier acquiesce : « Le développement dit durable semble de plus en plus devenir un concept impossible à mettre en place. Il n’est pas possible de continuer à se développer de la sorte tout en assurant la préservation des écosystèmes. La question de sortir du paradigme de la croissance doit absolument être soulevée : comment amener le système économique, que ce soit les entreprises ou les ménages, à respecter les limites des écosystèmes ? »

Les zoonoses, une conséquence concrète d’un développement sans limite ?

Les risques que fait peser le développement des sociétés humaines sur l’environnement ne sont pas une nouveauté. En 2019, le rapport spécial du GIEC sur le changement climatique et les terres émergées soulignait que la destruction des écosystèmes était à l'origine d'épisodes de zoonoses de plus en plus fréquemment transférées aux sociétés humaines. Pourtant, la crise du Covid-19 a frappé le monde sans que celui-ci ne semble s’y attendre ni s’y être préparé.

« La spécificité de la crise sanitaire actuelle réside dans le fait que tous les secteurs et tous les pays sont touchés par le Covid-19, explique Matéo Cordier. Je pense que c’est la première fois que l’on observe une boucle de rétroaction réellement mondiale et globale à tous points de vue. Une boucle de rétroaction, c’est le fait que les activités humaines impactent l’écosystème et le font fonctionner en mode dégradé. Résultat : les services écosystémiques utilisés par les activités humaines sont altérés et ces activités fonctionnent moins bien, génèrent moins de revenus et/ou sont de moins bonne qualité. »

« Il faut aussi relativiser cette crise, ajoute Laurent Fonbaustier. Il y a, chaque année, infiniment plus de morts du fait des mauvaises conditions environnementales et de tous les problèmes environnementaux réunis, que du fait de ce virus. D’ici peu, avec le dégel du pergélisol par exemple, de l’anthrax et 80 0000 tonnes de plomb qui y sont abrités seront vaporisés dans l'atmosphère, comme tout un tas d'autres bactéries et de virus. Sans oublier le fait que les problèmes écosystémiques, de disponibilité des ressources naturelles, de disparition des pollinisateurs et de changement climatique vont être des problèmes absolument tragiques. »

« C’est pour cela qu’il est important de consolider les travaux existants à propos des changements de modes de vie et de consommation, précise Anne-Charlotte Vaissière. L’économie et les autres disciplines des sciences humaines et sociales, en particulier celles qui font des ponts avec l’écologie, ont pour rôle de proposer des retours d’expérience et des travaux dans une perspective de développement soutenable, ou d’un autre paradigme qui pourrait s’avérer encore plus pertinent. C’est ensuite aux politiques et à la société civile de cesser d’ignorer ces travaux au prétexte qu’ils constituent une prise de risque par rapport au « monde d’aujourd’hui », et de s’en saisir et provoquer le changement. »

« Je pense que la situation actuelle pose la question de la manière - graduelle, intelligente et démocratique - dont notre société est capable d'anticiper et d'agir pour éviter des crises, conclut Valérie Masson-Delmotte. La question se pose de la même manière par rapport à l'évolution du climat et aux tendances observées : réchauffement climatique et de l'océan, augmentation de la fréquence des vagues de chaleur ou de l'intensité des pluies torrentielles... Tout ce que nous observons a été anticipé depuis plus de 30 ans par les travaux de la communauté scientifique. Pourtant, pendant longtemps, cela n'a pas été perçu comme un risque immédiat. »

Ne manquez pas ce premier webinaire et venez poser vos questions !

Formulaire d'inscription

Les propos des experts ont été recueillis par Jane Lecomte, Vice-Présidente Développement soutenable de l’Université Paris-Saclay et Laurie Anne Escudeiro, Chargée d’aide au pilotage Développement soutenable de l’Université Paris-Saclay lors  d’entretiens individuels.