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Hynd Remita : Les matériaux du futur

Portrait de chercheur ou chercheuse Article publié le 24 juin 2019 , mis à jour le 22 septembre 2020

Hynd Remita est directrice de recherche au Laboratoire de chimie-physique. Physico-chimiste, elle est spécialiste de la chimie sous rayonnement et des nanomatériaux, et s’intéresse à leurs applications environnementales et médicales. Coordinatrice de l’Initiative de recherche stratégique Momentom (Molecules and Materials for the Energy of Tomorrow)*, elle est aussi à l’initiative de deux start-ups innovantes dans le secteur des nanomatériaux.

Au sein du Laboratoire de chimie-physique (LCP – CNRS/Université Paris-Sud), Hynd Remita fait partie du groupe TEMIC (Transfert d’électrons en milieu condensé), qui compte 17 chercheurs et enseignants-chercheurs. Ses objectifs sont de développer des nanomatériaux métalliques, semi-conducteurs ou hybrides, aux applications multiples.

Transformer l’or

« Grâce à nos plateformes techniques - comme Elyse, un accélérateur d’électrons picoseconde unique en Europe, ou notre source panoramique d’irradiation gamma -, nous générons et étudions des nanoparticules métalliques, semi-conductrices ou polymères. La radiolyse – l’utilisation de rayonnement de forte énergie - permet de synthétiser des nanomatériaux de taille, forme et composition contrôlées. Par exemple, à l’échelle nanométrique, l’or adopte de nouvelles propriétés : optiques en changeant de couleur, catalytiques pour convertir le monoxyde de carbone en dioxyde de carbone, ou magnétiques », explique la chercheuse.

Dépolluer l’eau

Très tôt motivée par les aspects applicatifs de sa recherche, Hynd Remita collabore avec les industriels. Elle travaille d’abord avec Agfa et dépose 7 brevets dans le domaine de la photo argentique et de l’offset, puis avec Rhône-Poulenc (devenu Rhodia puis Solvay) pour le secteur automobile et le domaine des pots catalytiques. Aujourd’hui, la chercheuse se tourne vers des applications environnementales et médicales pour lesquelles elle développe des matériaux éco-compatibles. Ses synthèses contrôlées de nanomatériaux s’appliquent ainsi à la photocatalyse pour la dépollution de l’eau et à la génération de dihydrogène, le combustible vert du futur. « En interaction avec l’énergie solaire, ces nanomatériaux ont la capacité de dépolluer l’eau ou même l’air, et de générer du dihydrogène par dissociation de la molécule d’eau. »

Depuis peu, Hynd Remita développe également des nanoparticules aux propriétés anti-bactériennes ou pour le traitement du cancer, en collaboration respectivement avec les équipes de Ruxandra Gref et de Sandrine Lacombe de l’Institut des sciences moléculaires d’Orsay (ISMO – CNRS/Université Paris-Sud).

Des nanoparticules aux propriétés surprenantes

Issue d’une collaboration avec Olivier Pluchery, professeur à Sorbonne Université, une première start-up est en cours de création.  « Bichromatics développe des nanoparticules bichromatiques qui apparaissent en deux couleurs différentes selon l’éclairage. Les applications sont multiples : packaging de luxe, contrefaçon… » Un autre projet est en pré-maturation. « Il s’agit de développer des encres conductrices et éco-compatibles, à base d’éléments abondants, résistantes à l’oxydation et peu coûteuses, pour l’électronique imprimée. Ces applications intéressent l’électronique, la robotique, l’aéronautique et même l’industrie textile, développe Hynd Remita qui a engagé Anaïs Lehoux, pour travailler sur ce projet.

Un investissement sans failles à Saclay

Après une thèse soutenue en 1990 à l’Université Paris-Sud suivie d’un post-doctorat au Canada, puis d’un poste d’attaché temporaire à l’Université Paris-Sud, elle entre au CNRS en 1994. Depuis, elle s’investit dans tous les aspects de son métier, enseignement et vulgarisation compris. Chaque année, elle accueille différents publics avec l’envie intacte de leur transmettre ses connaissances et de développer leur curiosité scientifique. Malgré son investissement en recherche et sa participation en plusieurs congrès internationaux par an, la chercheuse se consacre également à l’Université Paris-Saclay « qui m’ouvre à plein d’interactions avec des collègues de toutes disciplines. »

*Le prochain workshop de l’IRS Momentum aura lieu le 25 juin 2019 au Synchrotron Soleil.