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Findimmune : de nouvelles thérapies anticancéreuses et immunitaires

Innovation Article publié le 07 juillet 2022 , mis à jour le 07 juillet 2022

La start-up Findimmune développe trois nouvelles combinaisons thérapeutiques pour faciliter l’accès des patientes et patients à des traitements anticancéreux et immunitaires. Née en 2020 à Gustave Roussy, elle est soutenue par la SATT Paris-Saclay.

L’immunothérapie antitumorale a révolutionné le traitement du cancer, mais peu de patients répondent à cette approche. L’identification de nouvelles stratégies capables d’augmenter l’accès et la réponse à ce traitement représente un enjeu de santé publique majeur. C’est le constat fait par Éric Deutsch, professeur des universités, praticien hospitalier en radiothérapie et codirecteur de l'unité Radiothérapie moléculaire et innovation thérapeutique (RaMo-IT - Univ. Paris-Saclay, Gustave Roussy, Inserm), Angelo Paci, professeur de pharmacologie à la faculté de pharmacie de l’université Paris-Saclay et chef de service pharmacologie à Gustave Roussy, et Jean-Luc Perfettini, directeur de recherche à l’Inserm et codirecteur de l'unité RaMo-IT.

Convaincus qu’ils peuvent jouer un rôle dans le développement de nouveaux médicaments anticancéreux et immunitaires, ces scientifiques décident de réunir leurs forces et de créer la start-up Findimmune en mai 2020. Son CEO, Guillaume Brion, médecin et entrepreneur dans le développement pharmaceutique, commente : « Nous avons un seul objectif : profiter de nos expertises complémentaires, qui vont de la biologie fondamentale à la recherche clinique, en passant par le développement pharmaceutique et l’évaluation préclinique de combinaisons thérapeutiques innovantes, pour concevoir une plateforme innovante de découverte de nouveaux candidats médicaments contre le cancer et l’inflammation. » Findimmune est l’aboutissement de travaux de développement de trois catégories de principes actifs et se base sur l’étude des mécanismes fondamentaux et l’identification d’une vingtaine de molécules. Sa création provient également de la valorisation des brevets du programme interdisciplinaire iCROC et du programme Emergence TARMAC, financés par le LabEx LERMIT et auxquels ont participé les trois chercheurs.

F1901   : augmenter l’efficacité de la radiothérapie

De 2016 à 2019, Jean-Luc Perfettini et son équipe effectuent un criblage fonctionnel pour identifier des composés capables d'augmenter le potentiel de la radiothérapie à éliminer les cellules cancéreuses et à stimuler le système immunitaire. Et puisqu’une irradiation s’accompagne souvent d’effets secondaires inflammatoires, le chercheur entreprend aussi des analyses pour garantir que ces composés sont dépourvus de tout effet cytotoxique. L’équipe identifie seize composés à même d’éliminer les cellules irradiées en déclenchant des morts cellulaires atypiques et en libérant des signaux immunogènes. Objet de brevets, cette classe de molécules est reprise par la start-up Findimmune afin de l’amener en phase clinique. Dans un premier temps, la start-up se concentre sur le principe actif F1901.

« Certaines de ces molécules sont des molécules de repositionnement, leur développement peut donc aller vite car les tests de toxicité ont déjà été effectués. Il y a aussi moins de risques qu’elles manifestent des effets inattendus lors des essais cliniques », précise Jean-Luc Perfettini.

Utilisés depuis des années dans d’autres aires thérapeutiques, les médicaments de repositionnement sont des molécules pour lesquelles on découvre un nouveau mode d’action et réemployées pour de nouvelles indications. La molécule F1901 est aujourd’hui dans la dernière phase de preuve de concept préclinique sur des tumeurs solides de patients et patientes, et pourrait passer en phase clinique d’ici un an. 

F1902 : greffer de composés lipidiques pour optimiser la molécule

Dans le même temps, Angelo Paci travaille sur la toxicité du médicament anticancéreux alkylant Ifosfamide afin de la supprimer. Car chez l’enfant, lors de la prescription de protocoles à haute dose, on observe des atteintes neurologiques et rénales aigues et chroniques, ce qui entraine des effets délétères et limitants. « Nous avons eu l’idée de modifier la structure de la molécule en greffant des composés lipidiques sur un agent alkylant pour en modifier le métabolisme toxicogène. Chemin faisant, une caractéristique supplémentaire de la molécule est apparue : son activité immuno-modulatric. » Ce composé est le géranyloxy-ifosfamide ou G-IFO, baptisé F1902. Il fait l’objet d’études précliniques et d’un brevet.

Lorsqu’Angelo Paci rejoint le LabEx LERMIT en janvier 2020, il s’intéresse aux aspects immunomodulateurs de ce type de molécules et dépose un deuxième brevet. « C’est à partir de cette époque que Jean-Luc et moi avons bâti une stratégie commune, car il y avait une cohérence dans nos travaux », ajoute Angelo Paci. La molécule est ensuite reprise par Findimmune et fait l’objet d’un financement par la SATT Paris-Saclay à partir de juin 2022. Cela donne au chercheur la possibilité de finaliser son développement et d’identifier le meilleur candidat pour le passage en phase clinique.

F2001 : moduler la polarisation des macrophages pour trois applications

Jean-Luc Perfettini se consacre également à un programme de recherche destiné à moduler un point de contrôle macrophagique au niveau duquel interagissent différentes protéines contrôlant l’activation des macrophages. Il explique : « Dans les tumeurs, les macrophages ont un rôle anti-inflammatoire et sont souvent responsables de la résistance aux traitements. » En explorant la grande plasticité fonctionnelle de ces cellules, le chercheur développe une stratégie thérapeutique impliquant de nouvelles molécules pour reprogrammer les macrophages vers un phénotype pro-inflammatoire. Combinées à la radiothérapie, les molécules augmentent l’efficacité du traitement et celle de l’immunothérapie.

Mais moduler ce point de contrôle servirait aussi à traiter les patientes et patients atteints de maladies inflammatoires. C’est dans ce but que la startup Findimmune développe F2001 et obtient en 2021 un soutien à hauteur de deux millions d’euros de Bpifrance lors d‘une qualification DeepTech. Actuellement, la start-up recherche des investisseurs pour augmenter ses fonds propres. « Nous espérons fournir une première génération de médicaments de repositionnement très rapidement », s’enthousiasme Éric Deutsch.

Les effets de F2001 ne s’arrêtent pas là. Dans le cadre de l’appel à projets Flash COVID-19 et de l’appel à projets exceptionnel COVID de l’université Paris-Saclay, tous deux lancés en 2020, Jean-Luc Perfettini montre que F2001 a aussi un impact sur l'inflammation pulmonaire et sur la réplication du SARS-CoV-2. « Nous avons rapidement trouvé ce médicament de repositionnement pour traiter les syndromes de détresse respiratoire et les lésions inflammatoires des poumons associées au virus », ponctue le chercheur.

Le modèle d’innovation thérapeutique né de la fusion des expertises des trois chercheurs sert donc à produire de multiples solutions pour les patientes et patients. Leur stratégie de repositionnement accélère la réalisation des étapes de développement jusqu’à l’obtention de la preuve clinique. Et leur choix de créer de nouvelles molécules sur ces cibles validées cliniquement leur garantit l’intérêt de nombreux groupes pharmaceutiques. « Nous avons le meilleur des deux mondes ! », se réjouit Éric Deutsch. Une fois la preuve de concept clinique réalisée pour chacun des médicaments, Findimmune envisage de les fournir à une échelle internationale. La start-up évalue également la possibilité d’autres partenariats afin de cibler de nouvelles indications.