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ERC « Consolidator » 2023 : deux lauréats liés à l’Université Paris-Saclay

Talents Article publié le 23 novembre 2023 , mis à jour le 15 janvier 2024

Le Conseil européen de la recherche (ERC) vient d’annoncer la liste des 308 lauréates et lauréats des bourses « Consolidator » 2023 visant à financer les scientifiques en leur donnant la capacité de mettre en œuvre un projet de manière indépendante par le biais de la création d’une équipe de recherche. Cette année, deux lauréats liés à l’Université bénéficieront de ces financements, d'un montant maximum de 2 millions d'euros pour une durée de cinq ans.

Les bourses ERC ont été lancées en 2007, dans le cadre du programme Horizon Europe, avec pour vocation de soutenir les recherches de pointe sur la base de l'excellence scientifique. Cette année, 308 lauréates et lauréats profiteront de ce financement, d’un montant total de 627 millions d’euros, pour lancer leurs projets, former leurs équipes et concrétiser leurs ambitions scientifiques.

Parmi ces lauréats, deux chercheurs du CEA Saclay sont liés à l’Université Paris-Saclay :

Basile GALLET pour son projet P-BOT

Basile Gallet, chercheur au Service de physique de l'état condensé (SPEC – Univ. Paris-Saclay / CEA / CNRS), où il dirige l’équipe « dynamique des fluides géophysiques », est porteur du projet P-BOT portant sur la dynamique des écoulements turbulents rencontrés dans des contextes astrophysiques, géophysiques et climatologiques.

A travers ses travaux, Basile Gallet s'attache à proposer des modèles expérimentaux et théoriques simples des écoulements erratiques et tourbillonnaires qui peuplent les océans, l'atmosphère, mais aussi les intérieurs stellaires et planétaires. Il est, par ailleurs, le premier chercheur à avoir proposé une théorie quantitative décrivant la manière dont les tourbillons océaniques et atmosphériques transportent la chaleur dans le système climatique, obtenant des résultats novateurs sur un système modèle datant des années 50, qu'il a ensuite étendus à des modèles de complexité croissante. Les tourbillons océaniques étant trop petits pour être décrits explicitement par les modèles de climat, ce genre d'études est crucial pour paramétriser le transport (de chaleur, de CO2, etc.) qu'ils engendrent. Le projet P-BOT (Physically-Based Ocean Transport) vise ainsi à combiner modèles idéalisés, données satellites et expériences de laboratoire pour implémenter dans un modèle climatique une paramétrisation du transport turbulent océanique qui soit directement issue des lois de la physique.

 

Champ de température issue d'une simulation numérique d'un patch d'océan idéalisé, dans lequel on voit la formation de tourbillons

 

Antoine STRUGAREK pour son projet ExoMagnets

Antoine Strugarek, chercheur au Département d'astrophysique / astrophysique, instrumentation et modélisation (DAP/AIM – Univ. Paris-Saclay/ CNRS/ CEA/ Univ. Paris Cité), est porteur du projet ExoMagnets portant sur les interactions magnétiques des planètes avec leur environnement.

La recherche en sciences exoplanétaires a connu une forte croissance depuis la première découverte de la planète 51 Peg b en 1995. Depuis, plus de 5500 exoplanètes ont été découvertes et ont révolutionné notre compréhension de la formation et de l'évolution des systèmes étoile-planète. Nous en savons aujourd’hui beaucoup plus sur leurs caractéristiques ainsi que celles de leur étoile hôte grâce aux observations spatiales et terrestres à plusieurs longueurs d'onde. Néanmoins, un aspect fondamental des exoplanètes nous échappe encore : quel type de magnétisme et de magnétosphère possèdent-elles ? Sur Terre, nous savons que le champ magnétique protège l'atmosphère de l'environnement spatial et qu'il est essentiel au maintien de la vie telle que nous la connaissons. L’arrivée de l’observatoire SKA offre donc de réelles perspectives de détecter des signaux radio magnétosphériques provenant de centaines d'exoplanètes. Car les magnétosphères conduisent également à des interactions magnétiques étoile-planète pour environ un tiers des exoplanètes connues, qui laissent des traces observables sur les traceurs d'activité de l'étoile hôte. Cependant, ces détections ne sont pas suffisantes pour quantifier les propriétés magnétiques des exoplanètes en raison d'une compréhension théorique incomplète des interactions magnétiques. Avec le projet ExoMagnets, Antoine Strugarek et son équipe ont pour objectif de répondre aux questions scientifiques qui demeurent en suspens dans ce domaine. En quantifiant pour la première fois leur énergétique et leur spectre observable dans plusieurs longueurs d'onde afin de contraindre leur magnétisme sur des orbites à courte période, le projet ExoMagnets espère fournir les outils théoriques permettant de caractériser le magnétisme d'un large échantillon d'exoplanètes.

Simulation du couplage magnétique entre une étoile et une planète proche. (voir Strugarek, A. et al. (2015) https://doi.org/10.1017/S1743921316002325