
Bibliothèques : au croisement entre recherche et lieux de vie étudiante
Cet article est issu de L'Édition n°25.
Le réseau des bibliothèques de l’Université Paris-Saclay se caractérise par sa diversité et sa capacité à toujours se renouveler pour répondre au mieux aux besoins de sa communauté universitaire. En constante évolution, ce réseau s’articule en particulier autour des bibliothèques universitaires et des bibliothèques de recherche, tout en maintenant un lien fort entre ces structures.
Les bibliothèques sont bien plus en mouvement que leurs rayonnages bien rangés le laisseraient penser. Leurs personnels savent observer et continuellement ajuster le fonctionnement et l’organisation des espaces pour toujours répondre aux nouvelles demandes et aux profils variés des usagères et usagers des lieux. En 2023, plus d’un million d’étudiantes et étudiants, enseignantes et enseignants, chercheurs et chercheuses mais aussi entrepreneurs et entrepreneuses, ont fréquenté le réseau de bibliothèques de l’Université Paris-Saclay.
« Les bibliothèques sont toutes organisées pour tenir compte de la mixité des usages observés et des publics accueillis », explique Émilie Barthet, à la tête de la Direction des bibliothèques et de la science ouverte (DiBISO) de l’Université Paris-Saclay. Regroupant les implantations documentaires et culturelles de l’Université Paris-Saclay, mais aussi de CentraleSupélec et de l’ENS Paris-Saclay, cette direction assure la définition concertée et la mise en œuvre de la politique documentaire et de science ouverte de l’université.
Les bibliothèques universitaires, premier service de vie étudiante
« L’enquête nationale de l’Observatoire de la vie étudiante en 2023 indique que 85 % des étudiantes et étudiants considèrent les bibliothèques universitaires comme le premier service de vie étudiante », relève Émilie Barthet. À l’Université Paris-Saclay, on dénombre quatre bibliothèques universitaires (BU) : celle d’Orsay sur le campus-vallée, celle de Sceaux sur le campus de la Faculté Jean Monnet, celle du Kremlin-Bicêtre et le Lumen, sur le plateau de Moulon.
Depuis plusieurs années, la DiBISO déploie des enquêtes et des observations de l’expérience utilisateur, qui débouchent régulièrement sur la mise en place de nouveaux services afin de faciliter les usages multiples au sein des bibliothèques. À la BU Sceaux, cela s’est matérialisé par l’ajout de cinq salles pour travailler ou jouer en groupe. À la BU Kremlin-Bicêtre, une rénovation est en cours pour accroître le nombre de places assises. À la BU Orsay, le hall a été repensé pour accueillir des collections loisirs, des espaces détente et un guichet d’accueil pour les étudiantes et étudiants internationaux.
Autre symbole du renouveau des bibliothèques et véritable lieu de vie au cœur du campus de Gif-sur-Yvette, le Lumen a été conçu pour accueillir des activités et services d’une bibliothèque universitaire mais aussi plus largement des activités et services pour l’enseignement et la recherche, la culture, la médiation scientifique et l'innovation. On y retrouve ainsi par exemple la première matériauthèque accessible à tous.
Des bibliothèques au service de la recherche
Au sein du réseau des bibliothèques de l’Université Paris-Saclay, les BU et le Lumen ne sont pas les seuls lieux en constante mutation. C’est aussi le cas des bibliothèques de recherche qui offrent aujourd’hui de nouveaux services pour répondre aux besoins de leurs publics.
En offrant des collections d’excellence dans certaines disciplines (comme en mathématiques et en droit), certaines bibliothèques de recherche de l’Université Paris-Saclay ont acquis une notoriété auprès de l’ensemble de la communauté scientifique. Ces bibliothèques offrent des services documentaires et un appui méthodologique qui s’adressent en priorité aux chercheurs et aux chercheuses, mais dont les étudiantes et étudiants en master et les doctorantes et doctorants peuvent aussi bénéficier.
« Le but est avant tout de proposer des services qui seront opportuns, en anticipant les besoins des chercheurs et chercheuses, et des étudiantes et étudiants avancés, dans l’optique de toujours leur être utile et de faciliter leurs activités de recherche », explique Angélique Malec, coordinatrice des bibliothèques associées de l’Université Paris-Saclay et responsable de la bibliothèque de recherche de la Faculté Jean Monnet, à Sceaux. « Nous leur proposons en particulier des services adaptés à leur discipline », tels que la numérisation et la mise en ligne de fonds patrimoniaux et d’archives scientifiques.
Des « référents recherche » pour accompagner chercheurs et chercheuses
L’enjeu de ces bibliothèques, rattachées à un seul ou plusieurs laboratoires de recherche, est également de maintenir des relations durables avec le personnel de recherche, en établissant un lien direct avec la DiBISO. « J’ai l’habitude de dire que nous sommes "en résidence permanente dans les laboratoires", puisque notre proximité immédiate avec les chercheurs et chercheuses nous aide à garder un ancrage dans la réalité du terrain. Ce rôle d’intermédiaire nous permet de constituer une porte d’entrée, qui saura traduire leurs besoins auprès de la DiBISO », ajoute Angélique Malec.
Le réseau des BU et des bibliothèques de recherche a développé la fonction de « référents recherche », qui sont en charge d’accompagner les chercheurs et chercheuses dans le dépôt de leurs publications sur la plateforme HAL et dans la gestion de leurs données conformément à la politique de science ouverte de l’université.
BU et bibliothèques de recherche offrent également la possibilité aux étudiantes et étudiants de se former à la recherche documentaire et à des ressources électroniques, ou de bénéficier d’une aide méthodologique à la rédaction de leurs travaux de mémoire.
Numaclay, une bibliothèque numérique recelant des ouvrages d’exception
Les bibliothèques de recherche conservent parfois des ouvrages d’exception : c’est le cas de celle du centre de recherche Droit et sociétés religieuses (DSR) à Sceaux. En 2009, ce centre a acquis une collection en histoire du droit issue de la bibliothèque du juriste Gabriel Le Bras et contenant un trésor d’une centaine d’ouvrages du 16e siècle, parmi lesquels quelques volumes très rares.
Le travail mené sur ce fonds patrimonial a conduit en 2016 à la création d’un projet emblématique : la bibliothèque numérique« Yvette », née de la collaboration entre les chercheurs et chercheuses du centre DSR, le personnel de la bibliothèque de recherche et celui de la BU Sceaux. Pas moins de 30 000 pages d’ouvrages, dont ceux acquis par le centre DSR, ont été numérisées durant la première phase du projet. Yvette a depuis été intégrée à la bibliothèque numérique Numaclay, enrichie de plusieurs autres collections. « C’est un très bon exemple de ce que l’on peut faire grâce à un partenariat entre bibliothèque de recherche, chercheurs,chercheuses et bibliothèque universitaire », souligne Angélique Malec, qui a participé au projet. Ce type d’initiative « permet aussi de faire rayonner les centres de recherche par leur fonds documentaire au-delà de leur cercle habituel scientifique ».
Demeurant des lieux de « ressources », les bibliothèques ne se limitent désormais plus aux services documentaires, à la conservation et au prêt d’ouvrages physiques. Elles évoluent pour répondre aux nouveaux usages de leurs publics et rester des lieux de travail et de recherche, mais aussi de détente et de vie étudiante.
Photo ci-contre, Ouvrage patrimonial de la bibliothèque du centre de recherche Droit et sociétés religieuses. © Salaheddine Karmous
En savoir plus :
- https://www.universite-paris-saclay.fr/bibliotheques-universitaires-bu/
- Sur la bibliothèque numérique Numaclay : https://numaclay.universite-paris-saclay.fr
La bibliothèque universitaire Orsay
Fondée en 1962, la bibliothèque universitaire (BU) Orsay se situe au cœur du campus-vallée de l’Université Paris-Saclay. À l’origine, cette bibliothèque était centrée sur les sciences du vivant, en raison de sa proximité géographique avec la Faculté des sciences d’Orsay. Ceci a conduit la Maison de la chimie à faire don d’une partie de ses fonds pour alimenter les collections de cette bibliothèque naissante.
À l’image du campus de l’université, le rôle de la BU Orsay, qui totalise chaque année quelque 300 000 visiteurs, a largement évolué depuis sa création. Alors que les ressources numériques sont cinquante fois plus consultées que les documents papier, la BU Orsay a élargi sa mission d’information et de médiation scientifique. Claire Lemauff, responsable de la BU, explique : « Nous jouons avant tout un rôle auprès des étudiantes et étudiants de premier cycle, pour lesquels il s’agit souvent du premier contact avec la recherche documentaire.Nous leur venons en aide afin qu’ils apprennent à mieux s’approprier les ressources de la bibliothèque, ses espaces, ainsi que les méthodes de travail. »
Des expositions et des prêts de matériel pour diversifier les services
Dans le même temps, la BU Orsay se diversifie, à l’instar de l’ensemble du réseau des bibliothèques : si elle continue à proposer des ressources documentaires imprimées et numériques, ses espaces sont de plus en plus investis par des étudiantes et étudiants qui viennent y travailler ou s’y détendre, seuls ou en groupe, sans forcément consulter ou emprunter les ouvrages mis à disposition. « On a pleinement conscience de l’évolution des besoins et de l’usage des bibliothèques par les étudiantes et étudiants », précise Claire Lemauff. « On propose par exemple d’accueillir des expositions, souvent thématiques,émanant d’associations étudiantes. Nous mettons également à disposition des services régulièrement sollicités par la communauté, comme le prêt de casques audio, de modèles atomiques ou anatomiques. L’an dernier, nous avons comptabilisé plus de 3 500 prêts d’ordinateurs. »
En plus d’un accès facilité à des outils de travail spécifiques, la BU a mis en place un espace détente, où les étudiantes et étudiants ont la possibilité de consulter des mangas et des bandes dessinées, afin de renforcer l'attractivité de la bibliothèque et valoriser l’ensemble des dispositifs proposés.

Cet article est issu de L'Édition n°25.
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