Abel Pires et Guillaume Ferrand distingués par la Société française de physique
Le 12 septembre, la Société française de physique a décerné la première édition du prix Jacques Haïssinski ainsi que l’édition 2025 du prix Jean-Louis Laclare à deux scientifiques de la communauté de l’Université Paris-Saclay.
Prix Jacques Haïssinski
Abel Pires, docteur de l’Université Paris-Saclay ayant effectué sa thèse au sein du Laboratoire matières en conditions extrêmes (DAM/LMCE – Univ. Paris-Saclay/CEA), a reçu le prix Jacques Haïssinski de la Société française de physique (SFP) pour sa thèse sur l’optimisation d’une source de rayons X par effet Compton Inverse sur un accélérateur linéaire d’électrons.
Ses recherches, menées sur l’accélérateur ELSA (10 à 30 MeV), ont visé à améliorer la performance d’une source Compton reposant sur l’interaction entre un faisceau d’électrons relativistes et un faisceau laser de puissance. Ce sujet, à l’interface de la physique des faisceaux de particules chargées et de la physique des lasers, a conduit Abel Pires à explorer avec rigueur et créativité des aspects aussi bien théoriques qu’expérimentaux. Il a notamment proposé et validé le développement d’un système de Chirped Pulse Amplification (CPA), permettant de limiter les effets non linéaires et les dommages induits par laser, ainsi que la refonte du système opto-mécanique de repliement du faisceau, baptisé SMILE (Système Multipassage pour Interaction Laser-Électrons), destiné à accroître la stabilité et à automatiser l’alignement. Il est également co-inventeur d’un dispositif d’alignement innovant basé sur des valves optiques, ayant donné lieu à une demande de brevet. Abel Pires a aussi mené une étude très approfondie de la mesure d’émittance. En comparant de manière très fine différents codes numériques (TraceWin, RFTrack, CST Microwave Studio), il a démontré que les modélisations de TraceWin et de RF Track étaient insuffisamment réalistes pour rendre compte correctement le transport d’un faisceau dans des forts rayons de courbure tels que ceux rencontrés dans le double aimant alpha de l’accélérateur ELSA.
Ces travaux ont une répercussion notable non seulement pour la source Compton étudiée, mais aussi pour la communauté, permettant de mieux cerner les domaines de validité des codes. Le travail effectué par Abel Pires au cours de sa thèse est ainsi apparu comme remarquable par sa qualité, sa précision et la variété des concepts, méthodes expérimentales et codes de simulations numériques maîtrisés pour aboutir à l’objectif scientifique désiré.
Le prix Jacques Haïssinski est un prix de thèse décerné chaque année depuis 2025 sur proposition du bureau de la division Accélérateurs de la SFP.
Prix Jean-Louis Laclare
Guillaume Ferrand, ingénieur-chercheur au Laboratoire d’ingénierie des structures accélératrices hyper fréquence (Lisah) du Département des accélérateurs, de cryogénie et de magnétisme - Irfu (DACM - Univ. Paris-Saclay/CEA), a reçu le prix Jean-Louis Laclare pour l’ensemble de ses travaux et projets complexes sur des thématiques très variées.
Sur la base de ses travaux de thèse consacrés à la conception et au test d’antennes pour l’IRM, qui ont déjà conduit au dépôt de trois brevets, Guillaume Ferrand a poursuivi un parcours marqué par des réalisations techniques et managériales de tout premier plan. Dès 2013, il s’illustre dans le projet SARAF, pour lequel le CEA s’était engagé à livrer un linac composé de quatre cryomodules. Guillaume conçoit les cavités accélératrices supraconductrices demi-onde ainsi que leur coupleur, et parvient en deux ans à livrer un design définitif. Fort de ce succès, il prend ensuite la responsabilité du design, de la fabrication et de la qualification des 29 cavités supraconductrices du projet, qu’il conduit à son terme avec brio. En 2024, la confiance placée en lui se traduit par trois nouvelles responsabilités majeures au sein du DACM. Il prend d’abord la tête de deux programmes de R&D ambitieux : la simulation de sources d’ions et le développement d’un émittancemètre 4D. Bien qu’éloignés de sa formation initiale, il s’approprie rapidement ces sujets, fédère des équipes pluridisciplinaires et redonne un élan décisif à des problématiques restées en suspens depuis près de dix ans. Le programme d’émittancemètre 4D retrouve ainsi une dynamique nouvelle avec des résultats prometteurs, tandis que l’approche numérique multidisciplinaire appliquée aux sources d’ions ouvre des perspectives à moyen terme. En parallèle, Guillaume Ferrand a pris en charge une partie importante du futur accélérateur du projet ICONE. Dans ce cadre, il a coordonné les équipes pluridisciplinaires de l’Irfu ainsi que l’équipe italienne de l’Istituto Nazionale Fisica Nucleare (INFN), et lancé la fabrication d’un premier prototype, dont les tests sont attendus prochainement.
À travers ces projets, Guillaume Ferrand a su non seulement développer ses compétences, mais aussi former et faire progresser les techniciens et ingénieurs autour de lui, toujours avec une grande humilité et un sens aigu du collectif. Sa capacité à fédérer, à s’adapter et à proposer des solutions concrètes et innovantes en font aujourd’hui un acteur clé du domaine.
Le prix Jean-Louis Laclare est décerné chaque année sur proposition du bureau de la division Accélérateurs de la SFP. Ce prix s’adresse à de jeunes physiciennes et physiciens dont les travaux ont été reconnus particulièrement novateurs et/ou approfondis.