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Highcast, l’IA pour la décarbonation

Atteindre ses objectifs de production tout en réduisant ses émissions carbone : une utopie pour les usines ? Pas pour la start-up Highcast, qui propose un logiciel basé sur l’IA permettant d’optimiser la consommation d’énergie des installations énergivores en Europe.

Flore de Lasteyrie et Vivien Robert se rencontrent lors de leur cursus au sein de CentraleSupélec et le master Data Science & Business Analytics. « Nous avons tous les deux travaillé dans la société de conseil en gestion et analyse de données Artefact. Nos chemins se sont ensuite séparés : elle a rejoint une start-up en tant que première employée et j’ai été embauché dans une plus petite structure. Mais après quelque temps, nous nous sommes rendu compte que nous avions envie de développer quelque chose de personnel, qui ait un véritable impact pour résoudre les enjeux liés à la transition », explique Vivien Robert, président de Highcast.

En 2021, les anciens camarades se retrouvent et fondent Highcast, en octobre de la même année. La start-up est dès lors incubée chez 21st by CentraleSupélec. « Nous avons passé beaucoup de temps à échanger avec des industriels pour comprendre leurs problématiques. Nous avons réalisé plus d’une centaine d’interviews », ajoute le président. La start-up paraphe son premier contrat en 2022. Viven Robert poursuit : « Nous avons récemment signé avec de nouveaux clients et été lauréats de Spring 50 dans la catégorie “Industrie et services” lors de Paris-Saclay Spring 2024. C’est vraiment une reconnaissance de tout ce qu’on a réussi à faire avec nos clients industriels et nous en sommes très fiers. »

Une solution pour les industries européennes

« L’industrie est un secteur très compétitif et souvent les professionnels ne sont pas accompagnés sur la question de la transition énergétique. D’autant qu’ils sont durement touchés par les enjeux de la transition, notamment en ce qui concerne les augmentations de prix de l’électricité et leur volatilité », précise Vivien Robert. En effet, les coûts de l’électricité fluctuent en fonction de la production réalisée de façon intermittente par les énergies renouvelables. Par exemple, les panneaux solaires produisent de l’électricité en journée et surtout l’été, alors que les centrales nucléaires en génèrent quasiment en continu. « Cette augmentation des prix de l’électricité va potentiellement entraîner des fermetures d’usines en Europe, qui seront délocalisées dans d’autres endroits où l’énergie est moins chère, mais souvent plus carbonée et moins verte que sur le Vieux Continent. Notre objectif est de créer une solution pour maîtriser les enjeux de la transition énergétique, pour que les usines restent en Europe », développe Vivien Robert.

La technologie de Highcast consiste à aider les industriels à planifier la production de leurs installations, grâce à un logiciel utilisant l’intelligence artificielle (IA). Les machines les plus énergivores, comme dans la métallurgie, la papeterie ou les cimenteries, sont ainsi mises en route aux moments de la journée où l’électricité est la moins chère et la moins carbonée. La solution proposée par la start-up est déjà viable et installée dans une dizaine d’usines en France. Elle compte parmi ses clients le producteur de papier Norske Skog Golbey, le fabricant de béton Plattard et le métallurgiste Leroy Somer.

Malgré une croissance prometteuse, Highcast en est encore à ses débuts et cherche à se perfectionner. « Aujourd’hui, notre logiciel d’IA prédit les enjeux du marché de l’électricité jusqu’à dix jours en avance. Nous sommes en train de travailler pour apporter de la visibilité sur un, voire deux mois à l’avance. Cela permettrait aux industriels d’adapter leur production tout au long de l’année. » Le logiciel propose également un outil d’aide à la décision pour la planification de la production. « Il formalise aussi une vue concrète de pilotage au niveau des lignes de production elles-mêmes. Chez Highcast, nous pensons que la transition énergétique est source d’opportunités et que la maîtrise de la consommation d’électricité constitue un levier de performance sous-exploité. Nous travaillons à donner aux grands industriels les outils de pilotage dont ils ont besoin pour diminuer leur facture d’électricité, et ce jusqu’à 20 % », commente Vivien Robert.

Les industriels intéressés s’abonnent à la solution de la start-up et ont ainsi accès aux divers logiciels de prévisions et aux mises à jour. « Notre technologie génère entre 5 et 20 % d’économie sur le site. Highcast cherche également à réduire l’impact carbone des industriels en leur donnant un outil de mesure, de pilotage et d’optimisation de leurs coûts carbone réels. Le prix de l’électricité est corrélé aux émissions de CO2. Quand on allume les centrales à gaz, l’énergie est plus chère et moins décarbonée. Notre logiciel identifie la production d’électricité par les centrales nucléaires et les installations renouvelables, et nous poussons l’entreprise à consommer à ce moment-là. C’est important pour nous d’aligner les enjeux économiques et environnementaux », développe Vivien Robert.

Décarboner à l’international

Dans les prochains mois, la start-up va accroître sa notoriété en France avant de s’étendre à toute l’Europe, pour soutenir les entreprises qui veulent réduire leur impact environnemental. « Nous accompagnons de gros groupes industriels qui ont des enjeux dans d’autres pays européens. Nous commençons par l’Europe, car c’est le fer de lance de la réindustrialisation, mais à terme, nous souhaitons aider des usines aux États-Unis, voire en Chine, où les défis sont énormes », précise le cofondateur. Actuellement accélérée par 21st by CentraleSupélec, Highcast compte huit employées et employés à temps plein. L’année prochaine, la start-up doublera ses effectifs. Récemment, l’entreprise a reçu le label Solar Impulse, « conçu pour mettre en lumière les solutions existantes qui sont à la fois propres et rentables et ont un impact positif sur la qualité de vie ». Elle est aussi soutenue par le fonds de dotation RAISE Sherpas, un accélérateur philanthropique. Pour l’instant, elle n’a pas déposé de demande de brevet.

« Nous avions la volonté, dès le départ, de développer une solution viable avant de lever des fonds. Maintenant que nous avons prouvé que notre technologie fonctionne, nous annonçons une levée de fonds de deux millions d’euros », se réjouit le président. Le tour de table est co-mené par CentraleSupélec Venture, l’alumni fund de CentraleSupélec, et un investisseur privé spécialiste de l’énergie. Il rassemble également AFI Ventures – le fonds d’impact de Ventech, VIF (actionnaires famille Wendel), Super Capital et divers business angels, comme Laurent Courtois, Vincent Bryant ou encore François-Régis Déhéry. « Cette levée de fonds va notamment nous permettre de concrétiser la seconde partie de la mission d’Highcast : réduire l’impact carbone des industriels en leur donnant un outil de mesure, de pilotage et d’optimisation de leurs coûts carbone réels », conclut Flore de Lasteyrie, co-fondatrice et directrice technique (CTO) de Highcast.

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