Jeudi 5 septembre, le Conseil européen de la recherche (ERC) a publié le nom des récipiendaires des bourses « Starting Grants » 2024 ; trois sont issus des rangs de l’Université Paris-Saclay.
Depuis leur lancement en 2007, les bourses « Starting Grants » soutiennent, avec un budget de 1.5 million d’euros, des projets de recherche exploratoire, sur une durée maximale de 5 ans, de jeunes scientifiques européens ayant soutenu leur doctorat depuis 2 à 7 ans. Cette année, 494 projets ont été sélectionnés, pour un montant total de 780 millions d’euros. Mais l’année 2024 marque également un record, avec 44 % des bourses accordées à des chercheuses, la proportion la plus élevée depuis le début du programme « Starting Grants ».
L’Université Paris-Saclay est fière de compter dans ses rangs trois lauréates du cru 2024 :
- Julie Carcaud et son projet Olfatask
Maîtresse de conférences à l’Université Paris-Saclay, chercheuse et co-responsable du Pôle évolution et comportement de l’unité de recherche « Évolution, génomes, comportements et écologie » au sein de l’Institut diversité, écologie et évolution du vivant (Ideev – Univ. Paris-Saclay/CNRS/INRAE/AgroParisTech/IRD), Julie Carcaud a reçu une bourse ERC pour son projet Olfatask qui vise à comprendre la mise en œuvre de la division du travail chez les insectes sociaux.
La division du travail et la spécialisation des tâches sont des éléments clés qui expliquent le succès écologique remarquable des sociétés humaines et animales. Les colonies d’insectes sociaux se caractérisent par une division du travail très efficace, les ouvrières se spécialisant généralement dans les soins au couvain1 au début de leur vie et dans la recherche de nourriture plus tard dans leur vie. Bien que divers modèles théoriques aient été proposés pour expliquer la division du travail, notamment le modèle du seuil de réponse biologique ayant reçu un certain soutien expérimental au fil des ans, les données actuelles n’expliquent toujours pas comment la division de ce travail est mise en œuvre pour toutes les différentes tâches d’une colonie d’insectes sociaux. Le succès des colonies d’insectes sociaux repose sur la capacité de tous leurs membres à se comporter de manière organisée, ce qui implique une communication élaborée entre les membres de la colonie. Ainsi, les fourmis, les guêpes et les abeilles utilisent une large gamme de phéromones, des messages « chimiosensoriel » et « intraspécifiques », pour réguler presque tous les aspects de la vie de leur colonie. Étonnamment, le rôle de l’olfaction dans la division du travail, la principale modalité sensorielle utilisée par les insectes, a été largement négligé. En utilisant l’abeille domestique Apis mellifera comme modèle, Julie Carcaud souhaite ainsi étudier le rapport existant entre le traitement de l’information olfactive et la division du travail.
- Emmanuelle Casanova et son projet AGROCHRONO
Ingénieure-chercheuse CEA au sein du Laboratoire sciences du climat et de l’environnement (LSCE – Univ. Paris-Saclay/UVSQ/CNRS/CEA), Emmanuelle Casanova a reçu une bourse ERC pour son projet AGROCHRONO dédié au développement de l’agropastoralisme du 7ème au 4ème millénaire av. J.-C. aux confins des frontières indo-iraniennes, entre le sud-est de l’Iran et le Pakistan.
Pour ce projet, Emmanuelle Casanova se concentre sur le développement de l’agropastoralisme, l’association complémentaire entre l’agriculture et l’élevage nomade ou itinérant, qui semble, dans cette région, être en rupture avec un mode de diffusion linéaire classique et l’émergence de nouvelles trajectoires. Pour ses recherches, elle prévoit d’utiliser des méthodes analytiques inédites mêlant des techniques d’archéologie classique, de bio-archéologie et de paléoclimatologie à des techniques de pointe en géochimie moléculaire, isotopiques et chronométriques comme la datation au carbone 14. Cette pluralité des techniques employées confère à ce projet une approche scientifique unique, qui permettra de mieux déterminer la chronologie des sites archéologiques ainsi que le cadre paléo-environnemental et climatique dans lesquels ont évolué les populations, mais qui apportera également des éléments de réponse sur la manière dont la domestication des plantes et des animaux a influé sur l’alimentation des populations.
- Elsa Abs et son projet GAMEChange
Membre de l’équipe MOSAIC-BIOGEO du Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE – Univ. Paris-Saclay/UVSQ/CEA/CNRS), Elsa Abs a reçu une bourse pour son projet GAMEChange portant sur l’impact de l’évolution des microbes du sol sur les futurs stocks de carbone terrestre.
En s’appuyant sur des modèles mathématiques avancés et vingt ans de données génétiques sur les microbes du sol, ce projet ambitionne de comprendre les mécanismes d’adaptation des microbes aux changements climatiques et l’influence des microbes sur la décomposition et les émissions de carbone des sols. Avec ses travaux, Elsa Abs vise à déterminer si ces adaptations microbiennes amplifient la perte de carbone des sols, dépassant ainsi les prévisions actuelles.