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Suzette Delaloge : pionnière dans la prévention personnalisée du cancer du sein

Suzette Delaloge, alumnus de la Faculté de médecine de l’Université Paris-Saclay, est une oncologue médicale de renommée internationale, spécialisée dans le cancer du sein. Elle dirige le programme Interception à Gustave Roussy, une initiative inédite dédiée à la prévention et au dépistage précoce des cancers chez les personnes à risque élevé.

Dès ses études à l’Université Paris-Saclay (anciennement Université Paris-Sud) qu’elle entame à l’âge de 17 ans, Suzette Delaloge se passionne pour la recherche et l’oncologie. Après avoir obtenu son doctorat en médecine spécialisé en oncologie médicale en 1997, elle s’oriente vers l’étude du cancer du sein. Ses travaux de thèse se concentrent sur l’efficacité de l’acide rétinoïque en traitement adjuvant, une piste qui, bien que non concluante, ouvre la voie à d’autres recherches.

En 1993, elle effectue un séjour d’un an au Canada, à l’Université d’Ottawa, où elle étudie le rôle du récepteur alpha de l’acide rétinoïque dans le cancer du poumon. De retour en France, elle s’investit dans l’étude de la génétique constitutionnelle et génomique, obtenant un master 2 dans ce domaine. Elle approfondit ainsi sa compréhension des mécanismes moléculaires impliqués dans le développement des cancers.

Une carrière à Gustave Roussy : de la clinique à l’enseignement post-universitaire

En 1999, Suzette Delaloge rejoint Gustave Roussy, l’un des plus grands centres de lutte contre le cancer en Europe. Elle y exerce en tant que praticienne spécialiste et devient rapidement cheffe du pôle sénologie (cancer du sein) en 2003. Son expertise clinique et sa connaissance approfondie de la maladie l’amènent à proposer une prise en charge personnalisée et innovante à ses patientes.

Mais Suzette Delaloge ne se contente pas de soigner. Elle continue à mener des recherches de pointe en génétique et génomique des cancers, explorant notamment le rôle des biomarqueurs dans le diagnostic et le traitement du cancer du sein. « J’ai beaucoup travaillé sur les données de la vraie vie avec mise en place de protocoles d’intelligence artificielle pour l’exploitation des données. » Elle s’intéresse également à l’organisation des soins et met en place, dès 2004, une clinique de diagnostic rapide des lésions mammaires, un modèle qui fera école en France et à l’étranger. Elle est par ailleurs investie dans l’enseignement post-universitaire, notamment au sein du diplôme universitaire (DU) de carcinologie clinique de l’École des sciences du cancer. Dans cet établissement de formation universitaire spécialisé dans la cancérologie et rattaché à la faculté de médecine de l’Université Paris-Saclay et à Gustave Roussy, elle transmet sa passion et son savoir aux futures et futurs oncologues.

Figure de proue de la recherche sur le cancer du sein et du programme Interception

Au fil des années, Suzette Delaloge s’impose comme une référence de la recherche sur le cancer du sein. Elle est l’investigatrice principale ou la coordinatrice de nombreux essais cliniques, nationaux et internationaux, qui font progresser la prise en charge de cette maladie. Elle s’intéresse particulièrement à la médecine de précision, qui vise à adapter les traitements en fonction des caractéristiques génétiques et moléculaires de chaque tumeur. « Je suis convaincue que l’avenir de la lutte contre le cancer passe par la prévention personnalisée et le dépistage précoce. » Dans cette optique, en 2021, Suzette Delaloge prend la direction du programme Interception, un projet ambitieux qui vise à révolutionner la prévention et le dépistage précoce des cancers. Il repose sur une approche globale et personnalisée.

L’originalité du programme Interception réside dans sa transversalité et sa multidisciplinarité. Il mobilise des spécialistes de différents domaines : oncologie, biologie, nutrition, psychologie, ou encore intelligence artificielle. Tous et toutes travaillent ensemble pour proposer aux personnes à haut risque de cancer un parcours de soins personnalisé, qui comprend des consultations spécialisées, des examens de pointe, des ateliers d’éducation thérapeutique et un suivi régulier. « On définit les patientes et patients à haut risque, celles et ceux dont le risque de développer un cancer spécifique est supérieur à 2,5 %, un seuil qui pourrait être revu à la hausse à l’avenir. Cela inclut des personnes ayant une prédisposition génétique, des antécédents familiaux, des lésions précancéreuses ou des expositions à des facteurs de risque environnementaux. »

Une recherche de pointe au service d’une nouvelle vision de la prévention

Le programme Interception est également un laboratoire de recherche. La chercheuse et son équipe travaillent sur plusieurs axes : identification de nouveaux biomarqueurs pour détecter précocement les cancers, développement de médicaments et de vaccins pour intercepter leur développement, mise au point de nouveaux tests de dépistage plus précis et moins invasifs. « L’objectif est de parvenir à identifier les individus à haut risque de développer un cancer cinq ans avant l’apparition de la maladie, et de mettre en place des interventions préventives pour éviter son développement ou le détecter à un stade très précoce ». L’un des projets prometteurs en cours est l’étude de la méthylation de l’ADN salivaire pour la détection précoce du cancer du sein.
Pour mener à bien ces recherches, Suzette Delaloge mobilise un vaste réseau de partenaires, en France et à l’étranger. Elle a notamment mis en place un consortium européen de prévention et de dépistage personnalisé des cancers du sein et dirige une étude d’envergure internationale, MyPeBS, qui inclut plus de 53 000 femmes, pour évaluer l’efficacité d’une stratégie de dépistage personnalisée.

Le programme Interception est aujourd’hui en cours de déploiement à l’échelle nationale et suscite un vif intérêt à l’étranger. « Avec près de 2 000 personnes ayant déjà bénéficié de ce parcours à Gustave Roussy, et un objectif de 4 000 à 5 000 personnes par an à l’échelle nationale, Interception incarne une nouvelle vision de la prévention et du dépistage précoce des cancers, qui pourrait bien changer la donne dans les années à venir. »

Une reconnaissance nationale et internationale

Suzette Delaloge voit son travail récompensé par de nombreuses distinctions, dont le prix de la prévention du journal L’Express en 2023 et la Légion d’honneur en 2019. Autrice de plus de 350 publications scientifiques, elle intervient régulièrement dans des congrès internationaux. Elle a également présidé le groupe coopérateur national de recherche sur le cancer du sein au sein d’Unicancer de 2015 à 2019, ainsi que l’European Society for Medical Oncology (ESMO) Breast conference, le congrès de référence sur le cancer du sein en Europe. Son expertise est reconnue à l’échelle internationale, comme en témoigne son rôle d’éditrice associée à plusieurs journaux scientifiques. « Je suis honorée de ces distinctions et responsabilités qui représentent une reconnaissance de mon travail et de mon engagement dans la lutte contre le cancer, mais elles représentent surtout une opportunité d’aller encore plus loin dans la recherche et la prévention du cancer. »

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